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Start-up : Un terrain fertile à l’innovation

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Start-up : Un terrain fertile  à l’innovation | business-magazine.mu

L’innovation est la clé de la survie de l’entreprise et du renouvellement du tissu économique. De l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) à la Chambre de Commerce et d’Industrie de l’Île Maurice (MCCI), en passant par l’Unesco, tous s’accordent à dire que la créativité et l’innovation ont la capacité d’améliorer le développement local, humain, aussi bien qu’entrepreneurial. À ce titre, les start-up ont du potentiel pour réussir et perdurer. Sauf que l’équation n’est pas aussi simple, aux dires des acteurs économiques. Malgré un écosystème exponentiellement favorable à l’émergence de start-up, des lacunes importantes demeurent. Tant sur le plan des solutions financières, de la formation, que de leur accompagnement.

La Chambre de Commerce et d’Industrie de l’Île Maurice (MCCI) croit fermement que la recherche, le développement et l’innovation seront la clé vers un développement dynamique de l’économie mauricienne au cours des prochaines décennies. En tant que tel, fait valoir le MCCI president’s report 2019-2020, l’instance mène la dynamique favorisant une économie axée sur l’innovation dans le pays, grâce à un plaidoyer fort vis-à-vis des pouvoirs publics et l’implémentation de nouvelles prestations de services. C’est dans cette optique qu’elle a fourni «de gros efforts» pour la promotion d’outils favorisant l’innovation tels que l’Accelerated Technology Transfer Platform et la propriété intellectuelle qu’elle croit être des éléments clés pour le futur économique du pays et sa compétitivité.

Pleinement conscient du fait que la relance économique du pays passe par sa propulsion dans l’ère de l’innovation et des nouvelles technologies, le gouvernement a annoncé dans le dernier Budget l’abolition du palier d’investissement et d’un chiffre d’affaires minimum pour l’obtention d’un Innovator Occupation Permit. Tout en évoquant la création d’un fonds pour la technologie et l’innovation, dans l’optique d’investir jusqu’à

Rs 2 millions à travers du financement par actions dans des projets recommandés par le Mauritius Research and Innovation Council (MRIC). Un outil qui se conjugue à la mise en opération du National SME Incubator Scheme (NSIS) en 2017, dans l’optique de renforcer la durabilité de l’environnement entrepreneurial à Maurice et l’éclosion de nouvelles structures visant à évoluer rapidement, à l’instar des start-up. Quant à savoir si l’écosystème est plus favorable depuis, pour l’éclosion, l’accompagnement et la croissance des start-up, les avis divergent.

Environnement des affaires favorable

«La mise en place du NSIS, sous l’égide du MRIC, a constitué un signal fort pour le développement de l’écosystème des start-up à Maurice. C’est un modèle intéressant de partenariat public-privé sous forme de délégation de service public à des incubateurs privés à but non lucratif, et avec une bonne gouvernance. Les incubateurs ont pour rôle d’accompagner les entrepreneurs dans les différentes phases de maturation de leur projet, de l’idée (pré-incubation) à la commercialisation (accélération), en passant par le prototypage (incubation). Le gouvernement attribue des subventions, sous conditions, qui peuvent paraître modestes de prime abord, mais qui sont tout à fait adaptées pour lancer les projets. Trois ans plus tard, nous constatons un accroissement significatif des candidatures et une montée intéressante de la qualité des projets et des entrepreneurs», explique Michel Cordani, Managing Director de La Plage Factory, un des trois incubateurs accrédités par le MRIC.

Bien que n’ayant aucune connaissance de ce scheme du MRIC, Elise Idris, fondatrice et gérante de videtonplacard.com, site marchand et d’échanges de produits d’habillement de seconde main, est d’avis que l’écosystème actuel est propice à un changement de mode de consommation. Les acteurs du terrain doivent donc s’adapter !

L’environnement des affaires à Maurice est favorable au lancement d’activités, en général, et pour les start-up en particulier, note Michel Cordani, qui est également le cofondateur de La French Tech Maurice. D’autant plus que les dernières mesures budgétaires à destination des start-up sont venues renforcer l’attractivité de la plateforme mauricienne. «Maurice est aussi une bonne base pour développer ses affaires à l’international, ce qui est un point essentiel : les start-up n’ont pas vocation en général à se limiter au marché. Pour les start-up, nous pouvons aussi noter quelques innovations récentes qui renforcent l’attractivité du pays», souligne-t-il.

Au-delà de son environnement des affaires «plutôt favorable», l’écosystème entrepreneurial mauricien jouit surtout d’un contexte politique, économique, fiscal et monétaire historiquement stable. Sans oublier une main-d’œuvre compétitive, tient à ajouter Olivier Fayolle, CEO de The Bee Equity Partners. Plusieurs défis demandent à être surmontés cependant avant que Maurice ne puisse se comparer aux écosystèmes internationaux les plus dynamiques.

 «Les dispositifs incitatifs actuels attirent essentiellement de jeunes diplômés encore peu expérimentés. C’est très bien, mais sauf exceptions, ces profils d’entrepreneurs peinent à lever des capitaux substantiels car il faut de l’expérience pour transformer une bonne idée en entreprise durablement performante. Il faut donc des dispositifs additionnels qui attirent et accompagnent des professionnels plus expérimentés», soutient Olivier Fayolle.

Pour que la plateforme mauricienne puisse stimuler l’émergence de start-up locales ou attirer des branches locales de start-up étrangères, faut-il encore pouvoir en amont «transformer radicalement le système éducatif local, actuellement incapable de fournir aux jeunes les compétences requises pour les secteurs d’innovation», remarque Olivier Fayolle. Ou forger les mentalités «vers le risque, la persévérance, l’a� et l’ambition, pour ne pas rester dans des schémas d’entrepreneuriat de confort ou de subsistance».

Michel Cordani le rejoint sur ces points. «Pour ce qui concerne les phases de croissance, la route est encore longue pour pouvoir se comparer aux écosystèmes internationaux les plus dynamiques. Les vocations locales sont encore rares et la culture du risque et de l’innovation peu présente».

Il va plus loin en soulignant qu’il y a un manque de vocations pour l’entrepreneuriat. «La culture dominante valorise certaines professions libérales et les fonctions managériales et n’incite pas les jeunes (ni les cadres plus expérimentés) à se jeter à l’eau

Les solutions de financement et les structures d’accompagnement demeurent cependant des défis. «L’aide est temporaire et se manifeste surtout lors du lancement d’une offre. Pour le reste, l’accompagnement est pauvre et souvent très coûteux», déplore Elise Idris, fondatrice de videtonplacard.com.

Pour ceux qui se lancent, l’accès aux financements d’amorçage est difficile, fait ressortir Michel Cordani. «Mais nous assistons à des initiatives qui devraient contribuer à résoudre ce problème. Nous participons à une initiative très prometteuse, Moris Angels, qui se propose de structurer et de professionnaliser l’action des Angel investors, des acteurs clés nécessaires pour financer le lancement des start-up. SME Equity Fund a commencé à investir dans les start-up il y a peu, en partenariat avec le MRIC – pour la sélection des projets – et avec Fundkiss, une start-up mauricienne qui démocratise l’accès au crédit à travers une plateforme

participative

Les partenariats entre grandes entreprises et start-up, comme entre les entreprises et les centres de recherches, sont rares à Maurice. Pourtant, dans un processus de codéveloppement, les grosses structures entrepreneuriales et les start-up pourraient mutuellement se soutenir pour toucher des marchés spécifiques, croître et exporter. «Pour que de tels partenariats soient possibles, il y a le double impératif d’un tissu de start-up plus étoffé, plus qualitatif et mieux financé, et de grandes entreprises davantage engagées sur les enjeux de l’innovation et de la technologie», avance Olivier Fayolle.

mettre l’accent

sur la recherche


Il est vrai, souligne Michel Cordani, qu’une des clés du succès des écosystèmes innovants est la mise en synergie de la recherche des start-up et des entreprises établies. «La prise de conscience est réelle à Maurice, mais pour l’instant, les trois mondes évoluent en silo. Les conglomérats ont tendance à tout vouloir intégrer et contrôler, et il y a une certaine méfiance des entrepreneurs à se rapprocher d’eux. Pourtant, nous observons une ouverture intéressante et nous espérons pouvoir développer des programmes structurés pour stimuler et accompagner la coopération entre les grandes entreprises et les start-up

La recherche universitaire, poursuit le Managing Director de La Plage Factory, figure dans la feuille de route du MRIC. «Il serait probablement utile de définir les secteurs prioritaires (agriculture, finance, écologie et développement durable…) et d’aligner les trois pôles en spécialisant les incubateurs», conclut-il.


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