Stéphane St Mart : «Il faut mettre à jour les normes dans la construction»

Le Chief Executive Officer d’Apave Océan Indien, société spécialisée dans la maîtrise des risques techniques, humains et environnementaux, donne son point de vue sur le secteur de la construction à Maurice et propose quelques pistes quant aux améliorations à y apporter.

BUSINESSMAG. Après avoir connu une période morose, le secteur de la construction semble reprendre des couleurs, notamment avec l’annonce par le gouvernement d’importants projets infrastructurels. Quel regard portez-vous sur l’avenir du secteur ?

Effectivement, avec les projets que le gouvernement prévoit de mettre en place pour le développement économique du pays, à l’instar des Smart cities, on peut percevoir une progression dans le secteur. Cependant, ces projets sont encore en phase de planification et ce n’est qu’une fois les grands chantiers lancés que nous pourrons voir cette reprise. C’est bien de réaliser de tels projets mais il faut aussi savoir utiliser toutes les compétences possibles afin qu’ils soient aux normes, respectent l’environnement et tiennent surtout compte des réalités actuelles liées à l’aménagement urbain. Il s’agit, par exemple, de prévoir suffisamment de places de parking, de prendre en considération les réseaux routiers et la gestion des eaux pluviales avec des dispositifs adéquats pour pallier le problème de «flash floods».

BUSINESSMAG. Le ministre des Infrastructures publiques, Nando Bodha, a dit souhaiter que les entreprises locales puissent participer davantage sur les chantiers de construction majeurs plutôt que de faire appel à l’expertise étrangère. Qu’est-ce qui, selon vous, a empêché que ce soit le cas jusqu’ici ? Comment y remédier ?

Il y a des projets peu communs comme le tronçon Terre-Rouge-Verdun ou l’agrandissement du port qui requièrent des compétences spécifiques. Nous avons certes à Maurice des personnes qui sont qualifiées dans les différents domaines de la construction. Or, il serait nécessaire d’affiner les compétences de ces ingénieurs par le biais du «capacity building», ce qui leur permettrait d’intervenir sur ce genre de projets.

Il faut aussi s’ouvrir à de nouvelles technologies ; se mettre à jour concernant les normes car dans le métier de la construction, à Maurice, des normes considérées comme obsolètes par d’autres pays sont souvent utilisées. Les instances régulatrices locales auraient du travail à faire à ce niveau.

BUSINESSMAG. Nando Bodha a, par ailleurs, durci le ton envers les entreprises de construction. Pensez-vous qu’il est nécessaire de mieux encadrer les compagnies engagées dans ce secteur?

Il faut un encadrement et un contrôle car c’est un secteur où de grosses sommes d’argent sont injectées, et tant la qualité, la sécurité que le confort des clients devraient être assurés.

BUSINESSMAG. Le gouvernement a laissé entendre vouloir mieux réguler la profession de «contracteur» et établir un système de notation visant à informer le public de manière plus efficace. Êtes-vous en faveur d’une telle mesure ?

En effet, comme je l’ai dit, il faut que la qualité et le respect des normes priment dans ce secteur car nous pouvons mettre le meilleur des projets sur papier, l’acteur principal reste quand même celui qui va réaliser la construction, soit le «contracteur». Il faudrait aussi des organismes tiers qui auraient à charge de suivre la construction afin d’en assurer la qualité et la sécurité.

BUSINESSMAG. Comment vous démarquez-vous de vos concurrents ?

Nous sommes à l’écoute des besoins de nos clients et adaptons au mieux nos prestations en fonction de leurs demandes. Nous souhaitons en outre former nos techniciens afin de pouvoir proposer certaines prestations sans que l’intervention d’étrangers ne soit nécessaire. Les sociétés mauriciennes en profiteront étant donné que les techniciens locaux ainsi formés seront plus accessibles et à des prix plus compétitifs.

BUSINESSMAG. Quels sont vos projets pour cette année ?

Avec la construction de notre nouveau bâtiment à Highlands, nous souhaitons sensibiliser les entreprises en organisant des ateliers techniques sur différentes thématiques, dont la sécurité incendie, la sécurité électrique et la sécurité lors des travaux en hauteur.