Lise Bourbeau – Une coach à l’écoute de son corps

La fondatrice de l’école «Écoute Ton Corps», Lise Bourbeau, a parcouru des milliers de kilomètres et écrit plusieurs livres sur le développement personnel. Nous l’avons rencontrée lors d’un déplacement à Maurice dans le cadre d’une conférence.

Après avoir accompagné des dirigeants et particuliers de plusieurs pays sur le plan du développement personnel, Lise Bourbeau était récemment de passage à Maurice, venue assister à une conférence et participer à un atelier où l’attendaient de fidèles lecteurs ainsi que des professionnels, des thérapeutes et des psychologues, entre autres.

«J’ai lu d’innombrables livres de toutes les traditions. Mais aucune de ces lectures ne me venait en aide ; si je me mettais en colère à cause d’un malentendu avec mon mari, par exemple. ‘Écoute ton corps’ a une approche pratique qui lui est propre», se confie Lise Bourbeau. La simplicité et le franc-parler du célèbre coach canadien, auteur de nombreux bestsellers, sont désarmants et invitent à l’écoute et au partage d’expérience humaine. D’une posture mesurée et habillée d’un goût sûr, difficile à donner un âge à l’une des pionnières du développement personnel au Canada. Pourtant, totalement décomplexée, les yeux pétillants d’humour, Lise Bourbeau aime rappeler qu’elle a plus de 50 ans d’expérience.

«En Occident, on a tendance à séparer le spirituel et la réalité. Aux États-Unis, c’était uniquement dans le cercle des hippies, déconnectés de la réalité et en marge de la société, qu’on parlait de spiritualité. Mais moi, j’ai toujours eu les pieds bien ancrés sur terre. On peut être spirituel et aimer rester élégant, être un bon vivant avec une sexualité épanouie et avoir un mode d’alimentation tout à fait équilibré, loin des clichés», insiste Lise Bourbeau. Femme d’affaires à succès, elle admet être «une fonceuse» qui fourmille d’idées. Le coach est à la tête d’une maison d’édition ainsi que d’un centre de formation et d’une équipe de plus de vingt coaches qui sillonnent les pays.

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«J’écris comme je parle, car c’est en parlant que j’ai l’inspiration», confie le coach dont les œuvres sont traduites en 21 langues. Elle ajoute : «L’idée d’écrire le premier livre ‘Écoute ton corps’ a germé suite aux requêtes de personnes qui assistaient aux conférences et aux ateliers de travail. Elles réclamaient un support pour pouvoir s’aider dans les moments difficiles ou juste pour rester connectées». 

«Je me prends en main»

Pour Lise Bourbeau, il est essentiel d’apprendre à désamorcer les tensions et de savoir reconnaître et s’occuper de ses maux intérieurs. Les douleurs, maladies et problèmes physiques sont intimement enracinés dans les souffrances intérieures, rappelle-t-elle. Le déni des blessures profondes, comme le sentiment de rejet, nourrit le malaise. Tout comme les jugements rapides sur soi – «je suis nul» – qui permettent de poser un couvercle sur les choses sans vraiment les aborder et les accepter. Le coach est d’avis que les tensions musculaires et blocages indiquent une situation difficile à gérer, dans la majorité des cas.

«En avoir plein le dos, perdre la voix» sont parmi ces nombreuses gênes et affections causées par des situations que les hommes et femmes ont du mal à savoir gérer, interpréter ou savoir désamorcer. Au lieu d’avoir une mauvaise estime de soi, il est préférable, dit-elle, de s’accepter dans sa dualité d’être et d’avoir de la compassion pour soi-même. Cela malgré la tendance de l’ego à être critique et négatif. D’après le coach, un sentiment de malaise ou de gêne est un signal pour considérer une situation plus en profondeur, notamment pour déceler ce qui provoque le malaise ou la gêne et y remédier au lieu de blâmer les autres personnes et les circonstances extérieures.

Lise Bourbeau explique que l’étape de la prise de conscience est atteinte quand les personnes arrivent à se réconcilier avec leurs parents. «Sait-on aimer avec amour ou a-t-on appris à aimer avec peur, avec la crainte du rejet ou de l’abandon ? Quel conditionnement a-t-on eu ?» se demande-t-elle. D’après Lise Bourbeau, si une personne a été conditionnée à recevoir de l’amour et de l’attention conditionnés, c’est presque prévisible qu’elle ait du mal à savoir s’aimer. D’où l’importance cruciale de prendre un temps de réflexion et de travail sur soi. Lise Bourbeau utilise l’image des maladies héréditaires, transmises de génération en génération. Hors conditions génétiques, selon le coach, il est possible de renouer avec une bonne santé mentale, émotionnelle et physique et se défaire du poids familial. Cela vient en étant fermement décidé : «Je me prends en main». Elle explique, par exemple, qu’il y a une certaine moralité à laisser des personnes assumer les conséquences de leurs actes. La société conditionne les hommes et femmes à se sentir «coupables» de ne pas aider. Toutefois, elle n’apprend pas forcément les limites entre la solidarité et la responsabilité de chaque adulte à assumer ses actions et construire sa vie.

Lise Bourbeau conclut en affirmant que l’individu qui fait un travail sur lui-même va positivement influer sur son entourage et contribuer à élever la qualité des interactions et encourager les autres à se prendre en charge, dans un cercle vertueux.

Conseils aux dirigeants

-> Nous attirons souvent des choses que nous n’acceptons pas en nous-mêmes. Sinon, pourquoi est-ce que notre réaction serait si épidermique ? Dans le monde professionnel, tout comme le monde personnel, nous n’avons rien à gagner en accusant l’autre. Les personnes dites «difficiles» nous aident à développer des aspects de nous-mêmes que nous devons soigner et améliorer.

->Un chef d’entreprise qui gère de multiples personnes et personnalités a tout intérêt à prendre un temps pour son développement personnel. Ainsi, il saura mieux gérer les employés et les inspirer à mieux se coordonner.

->Un travail de coaching personnel permet à un chef de mieux être à l’écoute des suggestions de ses employés. Au lieu d’être trop contrôlant et d’estimer détenir la vérité, un vrai manager sait rester connecté avec ses employés et puiser dans leurs suggestions pour améliorer la qualité et l’environnement du travail.

->Les Millennials représentent une génération extrêmement brillante, versatile et créative. L’ego résiste énormément au changement et à la nouveauté. Or, cette génération a des idées extrêmement brillantes. Un chef d’entreprise qui sent un malaise lors de son interaction avec les millennials devrait se poser la question s’il est réellement ouvert à des idées nouvelles, à de l’innovation, à la créativité des jeunes.

->Un chef d’entreprise doit savoir lâcher-prise et accepter ses employés comme ils sont. Cela ne veut pas dire être d’accord et subir. Toutefois, l’acceptation permet de diffuser la colère ou le malaise interne et de considérer les options qui se présentent avec les données et forces et faiblesses de manière précise, sans se disperser ou tenter de forcer les choses.