Jean-Luc Manneback (directeur d’Impact Production Group) – «Il faut se recentrer sur le marché local et être inventif»

Une interdépendance entre le secteur touristique et le secteur événementiel les pousse à se restructurer pour survivre face à la Covid-19. Qu’en est-il précisément ?

La plupart des hôtels n’auront d’autre choix que de recentrer leurs offres sur le marché local, et il en va de même pour le secteur de l’événementiel. Mais il y aura une féroce compétition car dépendre du marché local, lui-même touché économiquement par cette pandémie, sera difficile : beaucoup d’offres et peu de demandes ne sera pas simple à gérer.

Il faut se rendre à l’évidence : la survie de beaucoup d’entreprises dans les secteurs touristique et événementiel est en jeu.

Le concours lancé par Impact Production cible directement les organisations matrimoniales à Maurice. Pourquoi cibler ce segment spécifique ?

N’ayant pas de contrats actuellement, nous avons décidé de mettre nos équipements et nos ressources à disposition d’une cause : celle des couples, toutes confessions confondues, n’ayant pas eu, pour une raison ou une autre, les moyens d’organiser leur réception de mariage.

Nous avons imaginé le concours «Dir wi avek Impact» avec la complicité d’une série de sponsors. C’est une manière «sociale» de garder la forme mais qui n’aurait pas été possible sans les sponsors qui nous ont suivi.

Quelles sont vos attentes en ce qui concerne le secteur événementiel en attendant la réouverture des frontières ? Et après ?

Sans vouloir jouer les oiseaux de mauvais augure, je ne pense pas que la réouverture des frontières va relancer le secteur de l’évènementiel comme avec un coup de baguette magique. La crise sanitaire ainsi que les restrictions vont faire réfléchir les voyageurs. Donc, nos attentes ne sont pas optimistes dans l’immédiat.

Par contre, le gouvernement pourrait aider à la mise en place de toute une série d’activités événementielles qui s’adresseraient au public mauricien et qui créeraient un «feel-good factor». Il faut se recentrer sur le marché local et être inventifs. Pour l’après, cela dépendra de la reprise mondiale mais cela va prendre du temps. Donc, je préfère penser au futur immédiat !

Y a-t-il un potentiel à exploiter avec l’organisation de Big Fat Weddings à Maurice ?

C’est un marché de niche et Maurice a accueilli quelques beaux mariages (IPG avait accueilli le premier Big Fat Wedding avec 1 000 invités) de ce type mais nous sommes bien loin de ce qui se fait dans la Grande péninsule, dans les Émirats, au Liban ou même en Europe. Le fait d’êtres insulaires et le manque de lieux est un premier problème, mais il y en a d’autres. Cependant, hors Covid-19, c’est un marché qui a du potentiel.

Quels sont les plus grands défis auxquels vous êtes confrontés en ce moment ?

Je ne cacherai pas que c’est celui de garder la tête hors de l’eau financièrement car n’avoir aucune rentrée financière et n’avoir que des sorties d’argent n’est pas propice au développement serein d’une entreprise, cela même s’il y a des projets tels que «Dir wi avek Impact». Ce type de projet coûte du temps mais au moins a le mérite d’occuper une partie de mes équipes.

Qu’attendez-vous de ce secteur à l’avenir ?

L’événementiel est un secteur d’activité très jeune à Maurice et, au regard du nombre d’artistes mais surtout de différentes cultures qui représentent notre tissu social, je suis convaincu que nous pouvons créer un nouveau pilier économique dédié aux Industries Créatives. Un tel univers est nécessaire pour le bien-être des Mauriciens, mais représente aussi une magnifique carte de visite pour notre pays.

Mon projet depuis 2014 est de créer un Parc des Industries Créatives sur notre Île et c’est à cela que je m’attelle depuis de nombreuses années car en définitive, le plus important n’est pas ce que l’on a mais ce qu’on laisse derrière soi comme empreinte et je souhaite que les générations à venir disposent d’un lieu spécifique qui sera bien plus qu’un simple théâtre ou une simple salle de concert mais un lieu polyvalent, multiculturel et pluriethnique.

Pouvez-vous nous décrire votre organisation et son activité principale ?

Impact Production Group est spécialisé dans la technologie événementielle incluant l’audiovisuel, les structures temporaires, les décors, la gestion des artistes, les feux d’artifice, les effets spéciaux et la production clés en main de tous type d’événements. C’est ce qu’on appelle un one-stop shop de l’événementiel.

Quand je suis arrivé à Maurice il y a un peu plus de 20 ans, personne n’offrait ce type de services, et quand il y avait besoin d’organiser des événements, tout venait de l’étranger. Nos investissements et notre savoir-faire ont permis de bâtir une offre locale assortie de compétences et des meilleurs équipements. Et il arrive que nous étendions nos services au régional, ce qui est une belle reconnaissance. 

«La réouverture des frontières ne va pas relancer automatiquement le secteur de l’évènementiel»