LOADING

Type to search

Portrait Rencontre

Danny Balluck (Vice-Président du conseil d’administration MIoD) – «Nous assistons à une véritable révolution dans le monde du travail»

Share
Danny Balluck (Vice-Président du conseil d’administration MIoD) - «Nous assistons à une véritable révolution dans le monde du travail» | business-magazine.mu

En cette période post-Co-vid-19, les entreprises doivent se repenser d’un point de vue opérationnel, stratégique et financier. Comment le Mauritius Institute of Directors accompagne-t-il le monde des affaires dans cette importante transition ?

Fort de l’adhésion de plus de 1 300 membres, le MIoD est une association à but non lucratif, qui depuis ces 11 dernières années travaille pour la formation des directeurs en mettant à leur disposition des outils de développement professionnel. Cela comprend, notamment, des activités de formation continue axées sur la bonne gouvernance en entreprise et des processus d’accréditation qui s’adressent aux directeurs de sociétés et aux hauts dirigeants siégeant à un conseil d’administration.

La pandémie a bouleversé le monde des affaires. Les entreprises naviguent présentement dans les eaux inconnues d’une pandémie mondiale, d’une distanciation physique sans précédent, ainsi que des impacts financiers dévastateurs qui en découlent. À la lumière des récents changements, le MIoD s’est adapté à ce contexte très particulier en proposant des ateliers numériques interactifs. Il est aujourd’hui question de rendre l’apprentissage accessible aux chefs d’entreprise et aux professionnels dans le confort de leur environnement de travail ou à domicile car nous avons compris la nécessité de l’éducation et de la formation continues dans ces temps incertains.

Par ailleurs, le MIoD, à travers ses forums, a mis à disposition des rubriques identifiant les bonnes pratiques et émettant des recommandations sur des thèmes spécifiques, faisant l’objet de guides à l’attention de la communauté des affaires.

Dans cette nouvelle normalité, plus que jamais, les leaders et autres administrateurs devront faire preuve de discernement dans le processus décisionnel. Dans cette optique, le MIoD va-t-il mettre en place des programmes appropriés en vue de donner les outils adéquats à nos dirigeants ?

Nous avons lancé le Director Development Programme. Une formation qui s’adresse particulièrement aux directeurs et hauts dirigeants disposant déjà d’une expérience au sein d’un conseil d’administration. Adapté au contexte de Maurice, en prenant appui sur les textes réglementaires notamment The New code of Corporate Governance of Mauritius (2016), ce programme permet d’avoir un vivier d’administrateurs capables d’optimiser leur présence au sein des conseils d’administration et d’œuvrer à la performance et la pérennité des entreprises privées et publiques. Ce programme offre ainsi une opportunité de mieux comprendre le fonctionnement d’un conseil d’administration, notamment les responsabilités juridiques des directeurs, la supervision des décisions stratégiques ainsi que du processus décisionnel au sein d’un conseil d’administration. Il aborde les sujets tels que la performance financière, la bonne gouvernance et l’évaluation des risques de l’entreprise, entre autres. Avec la mise en œuvre du Director Development Programme, cela réitère l’engagement du MIoD à servir la communauté des affaires à Maurice, privée et publique.

Dans cette thématique, nous offrirons aussi très prochainement un programme axé sur la conformité et la gestion des risques, qui permettra aux professionnels impliqués dans le management de développer les connaissances et compétences nécessaires.


Le télétravail est aujourd’hui devenu la nouvelle norme, notamment dans le secteur des services. Comment l’intégrer efficacement dans l’organigramme de l’entreprise ?

Nous sommes témoins d’une véritable révolution dans le monde du travail et les entreprises ont appris à leurs dépens que le travail à domicile est désormais la nouvelle réalité. La Covid-19 a accéléré la mise en œuvre du Work from home à Maurice qui, clairement, est une opportunité. Nous nous adaptons tous à un nouveau mode de vie, plutôt étrange pour certains, qui a un impact sur notre quotidien.

Il est donc primordial pour les entreprises de mettre en place un processus de fonctionnement dans ce sens, en garantissant la sécurité informatique des données de l’entreprise, tout en s’adaptant aux besoins du salarié. Parmi les plus courantes : l’accès VPN et les plateformes de travail collaboratif, entre autres.

Cette crise a été une piqûre de rappel. Que ce soit dans le secteur public ou le privé, l’on se rend compte qu’on doit adopter les meilleures pratiques en matière de bonne gouvernance. Est-ce le moment d’une grande remise en ordre ?

Lorsque nous parlons de bonne gouvernance, nous faisons référence à cinq piliers importants notamment : l’éthique, l’intégrité, le code de conduite, la transparence et le conflit d’intérêts. Tous ces éléments sont interconnectés et doivent être appliqués dans son ensemble.

Les conseils d’administra-tion, du privé et du public, sont désormais sous pression pour assumer davantage de responsabilités dans l’élaboration de la stratégie et la surveillance des bonnes pratiques de la bonne gouvernance, surtout après la crise financière de 2008 qui a révélé de nombreux cas de pratique inadéquate. Cette crise économique de Covid-19 a accentué cette pression et a poussé les directeurs d’entreprises et institutions à s’adapter aux situations compliquées et les gérer de manière structurée.

L’ampleur de la crise économique et les événements perturbateurs de Co-vid-19 sont sans précédent et du jamais vu dans l’histoire moderne et resteront sans doute gravés dans nos mémoires, en apportant aussi son lot d’opportunités dans la façon de gérer les ressources et les fonds publics en général.

Il faut aussi reconnaître que des décisions cruciales doivent très souvent être prises ; les directeurs sont souvent confrontés à des choix difficiles. Une bonne structure de gouvernance aide à identifier, reconnaître et comprendre ces dilemmes et aider les conseils d’administration à prendre des décisions équilibrées.

Les processus et la structure de la bonne gouvernance de chaque entreprise et institution doivent évoluer et s’adapter aux changements fréquents dans le monde des affaires.

Récemment, l’affaire de l’achat de turbine à la centrale de Saint-Louis a ébranlé le gouvernement. D’aucuns disent qu’il faut plus de transparence dans l’administration des corps parapublics si l’on veut passer à une autre étape de notre développement. Vos commentaires ?

Je ne commenterai aucun cas spécifique mais de manière générale, il est évident que les conseils d’administration du public et du privé sont responsables de la mise en œuvre d’une culture de bonne gouvernance axée sur la création de valeur à long terme de l’entreprise et de ses activités. Dans les faits, il y a eu plusieurs cas où la bonne gouvernance et l’éthique ont été remises en question, mettant ainsi en péril la réputation de notre pays, de nos entreprises, de nos institutions, qu’elles soient hautement réglementées ou non.

Il y a potentiellement, et sans aucun doute, une perte de confiance du public, des investisseurs locaux et, surtout, internationaux. Il est primordial que les hauts cadres des entreprises et des institutions fassent preuve d’un bon jugement, de l’intégrité et d’un sens aigu de «personal accountability» lorsque qu’ils prennent des décisions.

L’investissement dans les personnes compétentes, les processus et la structure adéquate est essentiel si l’entreprise est sérieuse à ce sujet et croient en ces valeurs. Il est important d’établir et de promouvoir un environnement où les gens sont libres de parler et se sentent libres de signaler les pratiques mauvaises et suspectes. Il faut redynamiser cette culture de bonne gouvernance à tous les niveaux de la société mauricienne pour affronter l’avenir en toute sérénité. Cette culture influencera notre succès dans les décennies à venir.

Le respect de la bonne gouvernance est-il le meilleur antidote à la corruption ?

Les conseils d’administration, pour la grande majorité, ont pris conscience du fait que la bonne gouvernance et l’éthique sont parmi les principaux risques, tous secteurs confondus.

Dans le contexte des affaires actuel rempli de complexité et d’incertitude, les organisations internationales s’efforcent d’adopter une politique de tolérance zéro en matière d’éthique et de conduite des affaires. C’est un élément non négociable et les organisations ne doivent à aucun moment faire de compromis à ce sujet.

Les hauts cadres et leaders doivent impérativement : faire preuve d’intégrité et de conduite exemplaire de manière cohérente ; faire toujours ce qui est juste et non ce qui convient ; ne pas prendre de raccourcis et suivre les procédures ; apprendre aux employés comment lutter contre la corruption de développer une culture de bonne gouvernance. Il s’agit d’une compétence essentielle que tous les employés doivent posséder ; être transparents et parler toujours de choses avec lesquelles ils ne sont pas à l’aise et ne pas avoir peur de contester, de parler honnêtement et de bonne foi et faire preuve de bon sens, de jugement et de responsabilité personnelle.

Il faut concevoir le système de rémunération pour veiller à ce que chaque employé reçoive la bonne rémunération, pour qu’il ne soit pas encouragé ou tenté par des pratiques irrégulières et dans la même foulée, il faut récompenser le comportement éthique et la bonne conduite des employés. Une bonne action pour signaler un cas de fraude ou de corruption ne doit pas passer inaperçu.

Il est également important de s’assurer que tout cela passe par un environnement où les gens se sentent libres de parler et de contester des décisions sans aucune crainte de répercussions. La sensibilisation et la formation continues sur l’éthique, la conduite, l’intégrité et les conflits d’intérêts sont essentielles pour combattre le fléau de la corruption.


Comment le fait d’adopter des pratiques de gestion saine va-t-il se refléter dans les résultats financiers ?

Différentes variables de gouvernance ont une corrélation scientifiquement prouvée avec les performances des entreprises. Une culture de bonne gouvernance crée une culture naturelle d’ouverture à se remettre en question régulièrement, qui à son tour mène à une culture de croissance et de créativité qui influence directement les résultats de l’entreprise.

Si vous vous attendez à ce que les employés affichent un niveau d’éthique et de conduite exemplaire, le point de départ est de s’assurer que le ton approprié est donné «Tone from the top». Tous les directeurs et hauts dirigeants doivent agir comme des role models pour les employés. S’ils ne peuvent pas pratiquer ces principes d’une façon consistante, ils doivent se retirer immédiatement pour le bien de l’entreprise, les stakeholders et la société en général.

Il faut expliquer à l’ensemble de l’entreprise, en détail et régulièrement, les comportements qu’ils souhaitent voir. Utiliser à cet effet des études de cas et des exemples concrets des leçons à tirer et de ce qui doit être amélioré. C’est surtout un exercice continuel et pas un «one-off exercice».

Les conseils d’administration ont un rôle essentiel à jouer en envoyant le bon message lorsque des problèmes de comportement sont identifiés. Et le message doit être clair et cohérent pour l’ensemble de l’organisation selon lequel les comportements inacceptables ne sont pas tolérés. Après, il ne suffit pas de donner le ton. Il doit être complété par une culture et un environnement appropriés à tous les niveaux de l’entreprise et de manière cohérente. La responsabilité incombe cependant à chaque employé.


Danny Balluck (Vice-Président du conseil d’administration MIoD) ,{index:2,type:Heading,name:Heading,properties:{labelSelector:text},value:{text:«Le travail à domicile est désormais la nouvelle réalité»,size:h6">
Tags:

You Might also Like

Leave a Comment