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Portrait Rencontre

Chandru Hassamal, un chef d’entreprise à la fibre altruiste

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Chandru Hassamal

Le propriétaire de l’enseigne HobbyWorld, spécialisée dans la vente de fournitures pour loisirs créatifs, révèle une autre facette de sa personnalité. Président du Rotary club de Phoenix, il a aussi un vif penchant pour les actes philanthropiques.

Fondateur et propriétaire des magasins HobbyWorld, Chandru Hassamal, 62 ans, est aussi féru d’entrepreneuriat que de philanthropie. Mû par la devise du physicien Albert Einstein : «C’est le devoir de chaque homme de rendre au monde au moins autant qu’il en a reçu», il s’est joint au Rotary club de Phoenix en 2003 et en assure la présidence depuis juillet 2016.

Au premier abord, Chandru Hassamal donne l’impression d’être un homme réservé, au tempérament calme. Toutefois, au fur et à mesure qu’il se livre, l’entrepreneur laisse parler sa passion pour le domaine où il évolue depuis une trentaine d’années : celui de la mercerie. Il se qualifie d’ailleurs lui-même de «workaholic», soit de bourreau de travail, rarement tenté de prendre des vacances.

Après des études de comptabilité à l’étranger, Chandru Hassamal revient au pays dans les années ’80. C’était l’époque du premier miracle économique, se souvient-il, évoquant la prospérité de Maurice à ce moment-là. Comme sa famille était engagée dans la fabrication et la commercialisation de fil à coudre, Chandru Hassamal lui prête tout naturellement main-forte. «Nous ciblions surtout les tailleurs ; le phénomène du prêt-à-porter n’avait pas encore atteint nos côtes», précise-t-il.

Son esprit d’entreprise l’amène par la suite à ouvrir sa propre mercerie à Rose-Hill. Chandru Hassamal entendait ainsi approvisionner, lui aussi, les tailleurs mais aussi l’industrie textile qui commençait alors à prendre son envol. Toutefois, l’entrepreneur fait assez vite un constat qui l’obligera à donner une autre orientation à son affaire. Il s’agit de l’arrivée à Maurice, en volumes de plus en plus conséquents, de prêt-à-porter en provenance de pays tels que la Thaïlande ou la Chine. «J’ai compris que le temps des tailleurs était révolu», relate notre interlocuteur.

Chandru Hassamal avait vu juste : la déferlante du prêt-à-porter asiatique touche de plein fouet les artisans qui achetaient leur matériel de couture chez lui et les affaires chutent de 50 %. Sa formation de comptable aidant, l’entrepreneur réagit rapidement et met en place une stratégie de diversification salutaire. «À partir de 1995, j’ai réalisé que pour assurer la survie du business familial, il fallait impérativement diversifier nos activités.» Chandru Hassamal se lance donc dans l’importation et la vente de matériel scolaire, de fournitures pour bureaux et loisirs créatifs – un créneau qui contribue maintenant à hauteur de 50 % au chiffre d’affaires de HobbyWorld. L’enseigne, dont les magasins se trouvent à Rose-Hill, Port-Louis, Curepipe et Bagatelle, vend également les articles destinés à la couture et aux travaux d’aiguille – une tradition chez les Hassamal.

L’avenir semble assuré depuis que Yashvin Hassamal, fils de Chandru, est venu soutenir son père au sein de l’entreprise. «Je dois admettre que nous avons pu étendre notre présence sur le marché local quand mon fils m’a rejoint dans le business», dit le sexagénaire d’une voix où transparaît l’humilité. Sous l’impulsion du jeune homme, HobbyWorld, dont il est également le Managing Director, s’est dotée de deux nouveaux magasins : ceux de la capitale et du Bagatelle Mall of Mauritius. C’est aussi Yashvin Hassamal qui reprend officiellement les rênes des Éditions de l’océan Indien (EOI) en décembre 2015. Il a eu la responsabilité, dès lors, d’élaborer un plan de restructuration afin de remettre sur les rails cette compagnie dont les dettes s’élevaient à quelque Rs 55 millions. «Dans les années à venir, nous comptons nous focaliser davantage sur les EOI», souligne Chandru Hassamal.

Une autre facette tout aussi importante de la personnalité de l’entrepreneur est son altruisme. «Je pense que c’est notre rôle de venir en aide aux personnes les plus vulnérables de la société. Nous ne pouvons compter uniquement sur l’État. Il y a beaucoup de pauvreté à Maurice et nous devons essayer de la réduire», explique Chandru Hassamal. Sa disposition à s’intéresser et à se dévouer à autrui, d’apporter un «plus» à la société mauricienne poussera l’entrepreneur à adhérer au Rotary club de Phoenix, l’une des antennes locales du club service international dont la devise est «servir d’abord». Son engagement de rotarien a été tel durant treize ans que ses pairs l’ont élevé au rang de président il y a quelques mois.

Le Rotary club de Phoenix a à cœur le bien-être des enfants. Dans cette optique, il a initié un projet de centre pour les petits Mauriciens souffrant de thalassémie (maladie héréditaire se caractérisant par une réduction de la taille des globules rouges et l’anémie, NdlR). «Par le biais de ce centre, nous avons voulu offrir aux enfants atteints de thalassémie un lieu où ils seront à l’aise, cela en sachant qu’ils doivent recevoir des transfusions sanguines sur une base hebdomadaire.»

Un autre projet d’envergure entrepris par le Rotary club de Phoenix, cite le président, est celui d’une levée de fonds en faveur de l’association OpenMind. Cette dernière vient en aide aux enfants et adultes atteints de troubles psychologiques. Le club service a récolté environ Rs 2 millions lors de cet exercice, somme qui a servi à la construction d’un centre pour les bénéficiaires d’OpenMind.

Au cours de son mandat de président, qui prendra fin en juin 2017, Chandru Hassamal tient, par ailleurs, à mettre à profit son expérience d’entrepreneur en promouvant le «career counselling». «C’est un projet qui existe depuis un certain temps. Nous sommes déjà allés à la rencontre des élèves de deux collèges. Notre but est de les conseiller par rapport aux différents choix de carrière qui s’offrent à eux», précise le président. Si ces rencontres mettent les collégiens en contact avec les représentants de diverses professions, Chandru Hassamal veut encourager personnellement les jeunes à se lancer dans l’entrepreneuriat. «Quand un jeune rentre au bercail après ses études supérieures, il est vite rattrapé par la désillusion. Il lui est difficile de décrocher un emploi. Une solution que je préconise, dans ce cas, est qu’il monte sa propre affaire ; qu’il devienne entrepreneur.»

Hors de la sphère du Rotary club, Chandru Hassamal n’hésite pas, à chaque fois qu’il en a l’occasion, de soulager la misère des personnes défavorisées. Il nous raconte avoir été touché par la démarche d’une femme qui enseigne l’artisanat aux plus démunis afin qu’ils arrivent à gagner leur vie. «Je l’aiderai à faire un livret de présentation pour les produits de ses élèves. Il sera ensuite distribué dans des entreprises.» Un acte généreux parmi d’autres qui démontre la détermination de l’entrepreneur à mettre son temps et sa réussite sur le plan des affaires au service de causes altruistes.

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