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Aurélie Leclézio, la banquière des microentreprises

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Aurélie Leclézio

La CEO de MCB Microfinance Ltd entame sa mission avec le désir d’être utile qui la caractérise. Elle apportera désormais sa contribution au développement de Maurice en soutenant les projets des petits entrepreneurs.

«La promotion de l’inclusion financière est une contribution au développement d’un pays», affirme Aurélie Leclézio. Permettre aux microentreprises, dont l’accès au financement bancaire est limité par un faible niveau de garantie, de développer leurs activités, c’est aujourd’hui le rôle de cette femme dynamique de 35 ans. Nommée CEO de MCB Microfinance Ltd, une filiale du groupe MCB en opération depuis le 15 juillet, elle prend d’autant plus à cœur ses responsabilités qu’elle est l’initiatrice du projet et qu’elle a accompagné chaque étape de sa concrétisation depuis plus d’un an. Au sein de l’agence fraîchement installée à Belle-Rose, cette banquière d’un nouveau genre nous raconte son parcours.

En 1999, la jeune Aurélie sort du Lycée La Bourdonnais, bac littéraire en poche. Grâce à une bourse de l’État français, elle part étudier à Toulouse. Après une classe préparatoire littéraire, elle intègre l’Institut d’études politiques et obtient sa maîtrise quatre ans plus tard. Au cours de son cursus, elle a eu l’occasion de séjourner plusieurs mois au Danemark, où elle a commencé à se passionner pour les relations internationales. Elle enchaînera donc avec un master 2 en géopolitique.

Après six ans d’études à l’étranger, Aurélie se penche sérieusement sur son avenir professionnel : «Mon objectif était de faire carrière dans les relations internationales.» La jeune femme ne veut pas rester en Europe, préférant regarder vers l’hémisphère Sud où elle aimerait participer à des projets de développement durable. «Ma première idée était de travailler pour une organisation internationale. J’ai donc cherché un emploi en Afrique.» Mais sa recherche reste vaine et elle décide de rentrer à Maurice en 2005.

Dans l’île, Aurélie Leclézio effectue d’abord un stage dans le département des études de marché de DCDM. En parallèle, l’institut lui confie une tâche en lien avec sa formation, celle de rédiger un rapport sur la réforme du Protocole sucre proposée par l’Union européenne. Elle décroche ensuite son premier emploi : «Enterprise Mauritius venait d’être créé. J’ai été embauchée comme Strategic Analyst.» Elle participe alors à des opérations de promotion des exportations mauriciennes. «Mais ce qui m’intéressait le plus, c’était cette formidable opportunité de travailler en collaboration avec le ministère des Affaires étrangères, d’assister à des négociations de commerce bilatérales en tant que représentante d’Enterprise Mauritius

Elle revient cependant à ses premières amours en 2006, quand l’Université de Maurice lui propose un poste de lecturer en sciences politiques et relations internationales, d’abord à temps partiel, puis à temps complet. Mais après trois ans et demi, elle se lasse : «J’avais le sentiment que l’enseignement supérieur n’était pas ma vocation.»

Elle quitte donc l’université et rejoint le Fonds Maurice Île Durable, créé l’année précédente, en tant que Communication Officer. «Le projet sur lequel nous travaillions était financé par le Programme des Nations unies pour le développement. Nous étions une petite équipe de quatre personnes.» L’aventure lui plaît mais se termine vite, à sa grande déception. Après les élections générales de 2010, le projet est abandonné : «C’était un contrat d’un an qui s’est terminé au bout d’un an. À la fin de notre contrat, l’activité a été gelée.»

Travailler dans le domaine du développement durable est un souhait qui ne la quitte pas. «Mais je n’avais pas envisagé qu’il pourrait se réaliser dans le secteur privé.» Cette année-là, les incitations du gouvernement pour que les entreprises participent au développement social et environnemental par le biais de la Corporate Social Responsibility font que des opportunités d’emploi s’offrent à Aurélie. «J’ai répondu à une annonce de la MCB qui m’a confié le poste de Sustainable Development Coordinator sur le programme Initiatives 175, lancé en 2009 pour booster l’engagement de la banque en faveur du développement durable».

Pendant cinq ans, la jeune femme est impliquée dans divers projets, tels que la mise en place d’un plan de recyclage en interne, la création d’une environmental and social policy au sein du groupe ou encore l’organisation d’un concours pour sensibiliser les écoliers aux questions environnementales. Parallèlement, elle s’intéresse au concept de la microfinance. «La MCB avait déjà exploré des possibilités en matière de microfinance mais le projet avait été mis de côté. Puis en 2014, je suis tombée sur des initiatives intéressantes en Afrique, avec des méthodologies bien rodées. C’est là que le projet a été remis sur le tapis.»

En mars 2015, Aurélie Leclézio est nommée Project Manager et le groupe MCB fait appel à un cabinet de conseil français spécialisé dans la microfinance, Horus DevelopmentFinance, pour réaliser une étude de faisabilité. «Le rapport de faisabilité était positif. Il y a une demande pour la microfinance à Maurice. La clientèle visée, ce sont les microentreprises et les travailleurs indépendants.» Mais pour s’adapter aux besoins spécifiques de cette clientèle, «il faut le faire en dehors de la banque». D’où la création d’une filiale et de son agence à Belle-Rose, avec Aurélie Leclézio à la tête d’une équipe de 25 employés.

MCB Microfinance Ltd propose des prêts sans garanties de Rs 20 000 à Rs 600 000 aux petites entreprises enregistrées depuis plus d’un an et dont le chiffre d’affaires est inférieur à Rs 2 millions. Le remboursement, au taux de 13 à 15 %, est échelonné sur 6 à 18 mois. «Souvent, ce sont des entrepreneurs qui travaillent avec du cash et qui n’ont pas forcément le réflexe de le mettre en banque. Ils n’ont pas de comptes audités à présenter afin d’obtenir un financement», précise la CEO. Les garanties, c’est donc la banque qui les trouve elle-même, en s’assurant que l’entreprise est viable et en aidant l’entrepreneur à faire des ajustements si nécessaire.

Pour Aurélie Leclézio, l’objectif est que «plus personne à Maurice ne puisse dire qu’il a un business et qu’il n’a pas accès au financement.» Mais la dimension humaine est indéniablement ce qui la motive le plus. «Je souhaite qu’on arrive à faire grandir ces microentreprises afin que ces entrepreneurs s’épanouissent, car même si ce sont de petits business, ils sont souvent bourrés de talent et de savoir-faire. Ils méritent donc d’être soutenus.»

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