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Anjili Hawoldar : La battante

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Anjili Hawoldar


Maman dévouée et entrepreneure aguerrie, Anjili Hawoldar est passée de femme au foyer à femme d’affaires. La directrice d’Oceandash Fresh Seafood s’est toujours évertuée à utiliser le bon dosage pour concilier vie professionnelle et familiale. Cette battante dans les affaires est une maman douceur pour la famille.

Gracieuse et posée. C’est ce qui décrit le mieux Anjili Hawoldar. Surnommée «Anju» par ses amis et proches, c’est aujourd’hui à travers ce surnom que se forge toute son identité. Mariée à 20 ans, Anju Hawoldar est une femme dont la vie a tourné autour de son mari et de ses deux enfants jusqu’en 2003, l’année où elle a emprunté le parcours entrepreneurial. Passionnée de nourriture et ayant des racines indiennes, sa mère étant une Indienne née au Punjab, elles étaient tout le temps à la recherche de bonne cuisine indienne à chaque fois qu’elles visitaient l’Inde, plus précisément Bombay.

«À l’époque, il n’y avait qu’un seul restaurant indien digne de ce nom à Maurice. C’est ce qui nous a poussé à ouvrir notre restaurant indien», raconte Anju Hawoldar. C’est ainsi qu’en 2004, Salaam Bombay ouvre ses portes, attestant d’une authentique cuisine indienne. Installé à Moka, le restaurant proposait une sélection de plats indiens, préparés par des chefs indiens. Rapidement, le lieu est devenu une référence. «Notre spécialité était principalement la cuisine punjabie mais notre objectif était de proposer une cuisine authentique et de qualité. Et c’est justement ce qui attirait nos fidèles convives.»

Par la suite, Anju ouvrira deux autres restaurants : «Ki pou kwi», une fusion de la cuisine indochinoise, et «Figaro», spécialisé dans la cuisine italienne, toujours dans la même enceinte. «J’ai beaucoup appris de ces expériences et cela m’a occupée pendant dix bonnes années, jusqu’à ce qu’on décide de tout vendre», poursuit-elle. Consciente de la concurrence qui s’annonçait avec l’ouverture de Bagatelle Mall et voyant également de nombreux restaurants indiens proliférer à travers l’île, elle choisit de passer à autre chose.

En 2015, elle s’installe à Sodnac, Quatre-Bornes, pour se consacrer à sa famille. Mais les affaires lui manquent. Elle se lance le défi de sauver l’entreprise de fruits de mer de sa sœur que cette dernière envisageait d’abandonner, découragée. Forte de son expérience dans les affaires, elle remet Oceandash Fresh Seafood sur les rails et œuvre à faire d’elle une référence de qualité pour les produits de la mer.

Pas vraiment passionnée par le poisson ou encore les fruits de mer, elle est néanmoins devenue la «madame poisson». Elle a surmonté ce que les autres penseraient d’elle et a osé s’affirmer. «J’ai toujours été moi-même et je n’ai jamais eu peur d’assumer qui je suis», déclare-t-elle, avant d’ajouter que «le début n’a pas été facile, surtout pour une femme travaillant dans le secteur des produits de la mer. C’était assez compliqué, mais une fois que je me suis lancée dans l’aventure Oceandash, j’ai découvert un tout nouveau monde, avec une plate-forme de travail et des personnes différentes. Les équations ont changé mais je n’ai jamais abandonné.»

Positivité

Elle a dirigé l’entreprise pendant cinq ans, tout en bâtissant sa réputation et en établissant des relations pertinentes avec les personnes du marché mais aussi en devenant une référence pour la qualité de ses produits. Dans le but de promouvoir les ressources locales, Anjili Hawoldar a formé un réseau de pêcheurs locaux et de producteurs de fruits de mer. «Je crois en la qualité des produits que Maurice et ses producteurs peuvent fournir au marché. C’est pourquoi, pour moi, ma collaboration avec les pêcheurs locaux et les personnes de ressources dans le secteur est d’une importance capitale. C’est un moyen pour moi de garantir mon approvisionnement en poissons et fruits de mer frais ainsi que de donner une chance à l’aquaculture aux conditions locales», précise-t-elle. Anju Hawoldar décrit ainsi son parcours entrepreneurial comme rempli d’émotions fortes mais aussi comme une courbe d’apprentissage importante.

Aussi gracieuse et posée qu’elle puisse paraître aujourd’hui, Anju Hawoldar était autrefois l’enfant la plus espiègle de son temps. Elle se faisait souvent gronder à l’école. Au Couvent de Lorette de Quatre-Bornes, qu’elle fréquentait au secondaire, elle était taquine et ne voulait vivre sa vie qu’à ses conditions. Son père était le directeur général du Val, tandis que sa mère était une lecturer de l’Université de Maurice. Ses parents lui ont appris à vivre simplement la vie tout en y trouvant du plaisir. «Je me souviens que vivre sur le domaine était une aventure en soi. Ma mère nous emmenait à la source d’eau pour nous donner notre bain, le matin et dans le froid. On mangeait ce qui était fait et on ne faisait même pas des chichis. La vie était simple mais on était heureux», se souvient-elle.

À cet âge, Anjili Hawoldar ne pensait qu’à s’amuser et vivre un début passionnant de l’âge adulte, mais elle s’est retrouvée mariée et responsable d’un foyer. Cependant, elle reconnaît avoir beaucoup appris de cette phase de sa vie et que cela l’a beaucoup aidée à s’installer et à devenir plus mature. Son époux était alors son plus grand enseignant et l’a beaucoup instruite sur les leçons de la vie. «Je suis la femme que je suis grâce à mon époux. Il a été pendant des années mon plus grand mentor, qui m’a guidée dans mes prises de décisions, la découverte des autres cultures mais aussi pour comprendre les gens autour de moi. Même séparés aujourd’hui, il reste mon meilleur ami, et nous conservons une relation cordiale», précise-t-elle. D’ailleurs, le passage du statut de femme au foyer à celui d’entrepreneure a été difficile car rempli de hauts et de bas. De plus, ce qui était encore plus difficile, c’était qu’elle pouvait à peine consacrer du temps à sa famille. «Je pense qu’aujourd’hui encore, c’est un défi pour les femmes qui travaillent de trouver le juste équilibre entre le travail et la famille». Mais elle a hérité de la force et du courage de ses ancêtres indiens et des proches qui étaient dans l’armée indienne pour ne jamais abandonner.

À 43 ans, Anju Hawoldar est à la tête de sa famille et de son entreprise. «Je pense qu’il n’y a pas lieu de froncer les sourcils lorsque nous sommes confrontés à des problèmes. Ce n’est pas parce que nous fronçons les sourcils ou que nous nous plaignons que le problème disparaîtra. Au lieu de cela, faire face à la situation dans son ensemble ne fait qu’accentuer notre positivité dans la résolution du problème. De plus, avec ce que nous avons vécu pendant la pandémie de la Covid-19, nous, êtres humains, devrions compter nos bénédictions», dit-elle. Aujourd’hui, Anju Hawoldar aborde la vie avec positivité et le sourire. «Je vis avec une philosophie qui est de donner plus à la vie que ce que nous ne pouvons en retirer». Plus encore, elle prend le temps d’apprécier les petits plaisirs de la vie et elle aspire à donner le meilleur d’elle-même à ses enfants, avec lesquels elle garde toujours un canal de communication ouvert.

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