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Sylvain Deslandes : Maurice en pleine transformation digitale

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Sylvain Deslandes : Maurice en pleine transformation digitale | business-magazine.mu

Cette année, nous avons observé une volonté du gouvernement de transformer l’île Maurice en une économie digitale performante et compétitive. De nombreuses start-up voient le jour et on note aussi l’apparition de nouvelles infrastructures comme l’Incubateur ou la Turbine qui les assistent dans leurs projets de création d’entreprise et l’émergence de concepts novateurs. Le gouvernement a de son côté annoncé de nouvelles mesures dans le dernier Budget, encourageant ainsi le développement des sociétés du secteur des technologies de l’information et de la communication (Tic) à Maurice. Le secteur est vaste et en constante évolution : de nombreux salons, compétitions et conférences, à l’instar de la Webcup, d’Infotech et du Krakathon, entre autres, s’organisent autour de l’innovation digitale pour informer les Mauriciens et les engager davantage à adopter de nouvelles technologies.

Le secteur des Tic a contribué à hauteur de 6,4 % au produit intérieur brut (PIB) de l’île et offre plus de 20 000 emplois (chiffres du Board of Investment, 2015). Jusqu’à maintenant, Maurice a conçu un écosystème favorable au développement du secteur qui demeure le troisième pilier de l’économie locale. Cette tendance persistera dans les prochaines années, dans la mesure où les innovations technologiques se veulent de plus en plus nombreuses et les acteurs du secteur doivent faire naître de nouvelles idées pour rester parmi les leaders du marché.

Nous avons fait le constat que les entreprises mauriciennes s’intéressent de plus en plus à la gouvernance numérique, et comprennent de mieux en mieux l’importance d’adhérer aux nouvelles technologies qui en découlent pour transformer leur business. En effet, la gouvernance numérique est la gestion d’informations à partir d’outils numériques qui permettent des prises de décision averties et éclairées. C’est un atout pour les entreprises car elle favorise leur développement, leur performance et leur assure ainsi une meilleure rentabilité.

La révolution digitale restructure les entreprises, les marchés et des économies entières. Les secteurs de la finance et de la distribution sont les plus avancés sur le sujet pour, notamment, apporter une meilleure expérience client. Ce sont des secteurs qui évoluent vite, ils sont suivis de près par les secteurs de la construction et du tourisme qui ont déjà commencé à entamer cette transformation. Il faut savoir que chaque entreprise engage les ressources et les budgets nécessaires dans cette démarche, un investissement calculé à leur propre échelle. Mais à long terme, il est évident que toutes les entreprises devront adopter le digital pour leur gestion si elles souhaitent rester compétitives.

Après les ordinateurs personnels (PC) et portables (laptops), nous évoluons de plus en plus vers des technologies smart mobiles avec la possibilité d’être connecté grâce à des supports de moins en moins chers et de plus en plus puissants. Le papier tend à disparaître ; à présent on utilise une technologie de qualité et plus efficace. Cependant, certaines entreprises à Maurice résistent à ce changement, même après avoir compris qu’en investissant un peu, il est possible de gagner plus en productivité. Les experts s’accordent d’ailleurs à dire que 25 % des leaders mondiaux actuels ne le seront plus demain car ils n’auront pas su prendre ce virage technologique.

Les modes de consommation ont changé, l’océan de possibilités autour des applications est infini. Il faut rester près du consommateur pour comprendre ses besoins, ce que l’on appelle aujourd’hui la démarche «customer centric» qui s’impose au fonctionnement de toutes les «business units» d’une société. De nos jours, tout est facilité, les entreprises cherchent des procédures plus simples, sans contrainte, disponibles 24/7 et les entreprises du secteur des Tic imaginent et fabriquent ces solutions digitales. Elles permettent d’aller plus vite et de créer du lien sur l’ensemble de la chaîne de valeur ; d’automatiser les processus. Les entreprises du secteur des Tic se veulent avant-gardistes.

Les nouvelles technologies nous donnent aussi les moyens et le temps dont nous avons besoin pour nous concentrer sur notre métier. Par exemple, les entreprises du secteur comme Agileum proposent des solutions clés en main : technologie, installation, support, hébergement : plus besoin de passer par plusieurs prestataires, les entreprises souhaitent de plus en plus un «tout-en-un personnalisé».

Les freins à l’évolution du secteur des Tic restent les entreprises mauriciennes qui se satisfont encore de l’omniprésence du papier dans leurs organisations (beaucoup de formulaires, par exemple) et la volonté de transformer leur façon de travailler demeure encore au stade «expérimental».

Les entreprises mauriciennes doivent prendre exemple sur leurs pairs européens et américains qui ont entamé leur transformation digitale il y a plus de 10 ans maintenant. Une fois qu’ils ont mis un pied dans la transformation digitale, le coût associé au développement et au déploiement des applications mobiles devient plus abordable.

Par ailleurs, le gouvernement mauricien souhaite commencer à s’engager dans la transformation digitale, ainsi qu’il l’a annoncé lors de sa prise de pouvoir. En conséquence, la population mauricienne pourra peut-être un jour utiliser le téléphone mobile pour effectuer un certain nombre d’activités en ligne : payer ses factures d’eau et d’électricité, suivre ses consommations au quotidien, remplir des formulaires (ex. : certificat de moralité). Malheureusement, les fondations de ces projets n’ont pas encore été posées et la révolution des processus (administratifs, entre autres) prendra encore du temps.

Du côté des consommateurs à Maurice, l’adoption des smartphones est très élevée. En revanche, la majorité des utilisateurs ont recours à Facebook et WhatsApp pour communiquer et partager leurs moments de vie en ligne. Cependant, la population locale n’a pas encore évalué les bénéfices directs liés à l’utilisation d’applications mobiles ayant pour objectif de faciliter «les tâches et activités» de leur vie quotidienne.

Nous pouvons observer que les compétences de nos collaborateurs locaux et internationaux sont complémentaires dans le cadre du développement d’applications mobiles. Néanmoins, il n’y a pas aujourd’hui de ressources suffisantes disponibles sur le marché et le «turnover» dans les entreprises informatiques reste assez élevé. Il existe une forte concurrence en termes de recrutement de profils informatiques et malheureusement, nos meilleurs spécialistes quittent parfois le pays. Nous sommes donc obligés de nous tourner vers Madagascar pour recruter.

Il est important aujourd’hui de miser davantage sur les formations aux métiers de l’informatique et de proposer aux étudiants des parcours professionnels intéressants pour qu’ils ne cherchent pas à s’expatrier.