L’impact de la pandémie sur la corruption

DE par sa nature, la lutte contre la corruption n’est pas un combat facile. L’année qui vient de s’écouler s’est révélée particulièrement difficile sur le plan économique et le schéma se poursuit. Au cours des derniers mois, les enquêtes menées par Transparency International ont démontré que la corruption fragilise les nombreuses économies touchées par la pandémie tout en contribuant à aggraver la crise démocratique courante. Le dernier indice de perception de corruption brosse un tableau sombre de l’état de corruption à l’échelle mondiale, ce qui est en grande partie le résultat de la crise du coronavirus.

La corruption liée à la crise

La présente crise économique combine des aspects de choc d’offre et de demande, mais autre qu’une crise sanitaire avec des répercussions économiques, la pandémie a aussi un impact sur la corruption. Si l’on se fie aux croyances courantes, c’est peut-être une question de survie pour certains pendant que d’autres profitent d’une situation précaire dans le but de s’approprier des gains illicites. Il faut faire ressortir que chaque citoyen a un devoir moral à accomplir et c’est l’éthique sur le plan personnel qui démarquera les bons des moins bons dans leur manière de s’acquitter de leurs responsabilités. Comment gérer de manière optimale une crise sanitaire qui ne fait qu’ajouter à la pression qui pèse déjà sur les autorités et les institutions ? Y a-t-il un moyen de freiner le comportement excessif de celui qui ne résisterait pas à la tentation et ne raterait pas la moindre occasion pour corrompre ? Ou pire, comment empêcher la mauvaise conduite qui va jusqu’à créer des opportunités qui fourniraient un exutoire à la fraude et aux malversations ?

Alors que beaucoup de commerçants ont du mal à joindre les deux bouts, peuton éviter que la pandémie ne nourrisse la corruption, face à l’incertitude liée à une crise qui s’avère de plus en plus longue et imprévisible sur les plans économique et social ? Pour la directrice de Transparency International, se référant aux conséquences de la pandémie sur la corruption, «la Covid-19 n’est pas seulement une crise sur le plan sanitaire et économique mais également une crise sur le plan de la corruption. Et nous avons échoué à y faire face». Quel plan d’action pragmatique et crédible cette ONG pourrait-elle proposer, compte tenu de sa philosophie de base ? Quelles sont nos options face à ces conditions difficiles ? Face à tant d’imprévus, une chose est certaine : nous avons une contrainte de temps et la crise doit être gérée comme une situation d’urgence. Ne pas le faire dans les délais requis est comme laisser le champ libre à ceux qui feraient tout pour en profiter. C’est vra qu’en temps de crise, tous les moyens sont bons pour s’engager dans des transactions délictueuses, en supposant que les systèmes de contrôle ne sont pas opérationnels comme il se doit. Les institutions concernées doivent exécuter les inspections nécessaires pour éviter des dérapages. L’impact de la pandémie sur la corruption est similaire aux conséquences des catastrophes naturelles sur l’économie et la corruption. Ce sujet a fait l’objet de plusieurs études au cours des dernières années. En général, toute situation de crise offre des opportunités à corrompre et il y a toujours une partie de la population qui sera tentée à en tirer profit. Il existe des preuves empiriques que les calamités naturelles ont un impact négatif sur l’économie, ce qui a tendance à entraîner davantage des cas de corruption.

L’éducation comme plan d’action

On ne peut cependant pas comparer de telles situations à la crise sanitaire actuelle, sachant que la pandémie courante nous fait vivre une histoire sans précédent. Les décideurs ne peuvent pas se fier aux plans d’action qui ont fait leurs preuves dans le passé, car les circonstances présentes sont différentes. Il y a un besoin urgent d’innover tout en se basant sur des indices fiables qui reflètent la réalité. Comment empêcher ou contrôler cette corruption qui découle d’une crise conséquente, tandis que le public plaide l’incapacité de survivre sans avoir recours à des moyens artificieux ? Chaque citoyen a des obligations morales à remplir et dans le contexte actuel, lucidité et clairvoyance sont des attributs essentiels. Comment renforcer les principes moraux et le sens des valeurs au niveau individuel, afin de faire un impact positif sur l’attitude et la conduite de l’individu ?

Combattre la corruption ne se limite pas à identifier et sanctionner des coupables. Il est d’autant plus important de freiner la mauvaise conduite et les attitudes malintentionnées. À long terme, on pourrait aspirer à minimiser le non-respect des règles morales face à un grave problème d’ordre institutionnel. Pour l’instant, l’étendue de la corruption requiert à ce qu’on refasse toute une éducation. On parle d’éducation de masse, ce qui nécessite la participation de tout un peuple, le soutien des décideurs principaux et surtout, beaucoup de persévérance et de bonne volonté.