Aurélie Marie (Head of Recruitement and Communication à Myjob.mu) « 50 % des postes vacants concernent les TIC, le BPO et la finance»

Aurélie Marie « 50 % des postes vacants concernent les TIC, le BPO et la finance»

En ce début d’année, quel état des lieux faites-vous de la situation au niveau du chômage ?

Le nombre de chômeurs est définitivement en hausse. Bien que la situation reste relativement sous contrôle de par l’assistance de l’État dont bénéficient les secteurs directement impactés par la crise. Certaines entreprises sont en cours de liquidation, alors que d’autres éprouvent d’importantes difficultés à approvisionner leurs stocks et à dégager des ventes ou maintenir un niveau correct de trésorerie. Nous sommes tous les jours sollicités par des candidats dont l’emploi est menacé ou qui ont déjà été remerciés. Nous sommes en quelque sorte face à une bombe à retardement car le Wage Assistance Scheme permet à ce jour de contenir les licenciements. Aussitôt cette mesure levée, les entreprises n’auront pas le choix que de licencier du personnel. Nous verrons ainsi le taux de chômage grimper. Au niveau des données de notre site, l’on constate que le nombre de candidats est en forte hausse depuis août 2020. Ces candidats évoluent dans le secteur F&B/ l’hôtellerie/tourisme (5 485 candidats), la vente et les services externalisés. Nous notons environ 1 900 profils dans l’administration et le management ou encore 1 508 dans la filière technique.

Quels sont les secteurs qui recrutent le plus ?

Nous démarrons 2021 avec 605 postes vacants. Compte tenu du contexte difficile, c’est un chiffre rassurant. Parmi, 11 postes sont pour l’étranger dans la finance, le textile, l’agroalimentaire et l’automobile. On recherche des profils de responsable de site, d’agronome et de directeur technique dans la mécanique de précision. Au total, 50 % des postes vacants pour Maurice concernent trois secteurs : les Tic, le BPO et la finance. Les autres postes sont dans le commerce, la logistique, la construction. Alors que 5 % des postes disponibles sont dans le secteur manufacturier.

Nous sommes face à une bombe à retardement car le Wage Assistance Scheme a jusqu’ici permis de contenir les licenciements, observe la Head of Recruitement and Communication à Myjob.mu – Aurélie Marie.

Le télétravail ou le travail hybride a permis aux entreprises d’être plus agiles financièrement. Cela leur donne-t-il de la marge pour leur campagne de recrutement ?

Le télétravail ou le travail hybride permet une réduction des coûts de fonctionnement d’un département, et plus globalement d’une entreprise sur le long terme. Cela dit, ces nouvelles méthodes de travail ne sont pas appréciées par la majorité des entreprises mauriciennes. D’ailleurs, de nombreuses compagnies sont retournées aux conditions de travail habituelles en bureau. Le télétravail n’a pas eu d’impact positif sur les nouveaux recrutements. À ce jour, les offres d’emploi en télétravail que nous recensons concernent le secteur de la formation à distance ou le digital marketing, des métiers qui depuis plusieurs années ont opté pour le télétravail.

La reprise devrait se préciser à partir du second semestre. D’ailleurs les ÉtatsUnis s’attendent à un regain de l’activité économique dès le mois de juin. La question de la problématique de l’emploi étant liée directement à l’économie, faut-il s’attendre à une amélioration de la situation dans un proche avenir ?

L’amélioration de la situation économique et de l’emploi ne sera tangible qu’à partir de la reprise 2022. Mais il n’en reste pas moins qu’une fois que les entreprises reprendront la main sur leurs activités, des restructurations sont attendues, les priorités et les compétences recherchées par les entreprises vont évoluer également. Ainsi, il faudra encore s’attendre à des licenciements et des recrutements restreints mais davantage ciblés. Je crains qu’on ne puisse pas parler d’amélioration dans un proche avenir mais on doit rester optimiste car les premières anticipations économiques brossaient un tableau bien plus noir de la situation

«Les premières anticipations économiques brossaient un tableau bien plus noir de la situation» – Aurélie Marie.