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Interview Rencontre

«Les groupes familiaux ont compris qu’il faut privilégier la compétence» Eddy Jolicoeur (CEO, MIoD)

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«Les groupes familiaux ont compris qu’il faut privilégier la compétence» Eddy Jolicoeur (CEO

Sous quel signe le MIoD a-t-il démarré cette année 2019 ?

Depuis que la responsabilité du MIoD m’a été confiée en mai 2018, l’équipe s’est fixé trois priorités : promouvoir l’image de l’institut, revoir la structure de fonctionnement interne et nous repositionner sur la plateforme internationale. Cela nous a mené jusqu’au mois de décembre 2018. À partir de là, nous nous sommes attelés à redonner du momentum au MIoD pour pouvoir poursuivre notre mission : promouvoir la bonne gouvernance en équipant les entreprises mauriciennes et leurs dirigeants d’outils et de leviers afin de diriger d’une manière responsable et honnête dans un cadre éthique. Cela passe par des propositions d’encadrement et de formation et aussi par la communication et la constante interaction entre nos membres et nous.

En cette année d’élections générales, quel est le mood au sein de la communauté des affaires ?

Je ne sais pas ce que vous définissez comme «mood». Ce que je peux vous dire, c’est que les attentes de la communauté des administrateurs sont les mêmes : pouvoir fonctionner dans un environnement qui inspire la confiance. C’est très important pour la communauté des affaires, pour les dirigeants en particulier. Nous avons de grandes ambitions : se positionner notamment comme un centre financier international, entre autres. Il nous faut nous donner les moyens pour le faire, tant sur le plan structurel qu’humain. Il faut envoyer des signaux forts et positifs à nos investisseurs locaux et étrangers.

Le projet de réglementation du financement des partis politiques a été momentanément suspendu. Dans quelle mesure, ce projet de loi interpelle-t-il le MIoD et ses membres ?

Business Mauritius a fait des propositions à ce sujet et nous nous alignons sur leur position. Nous pensons que le processus de financement des partis politiques doit être fait dans la transparence et la bonne gouvernance. Il y va, d’une manière plus large, du bon fonctionnement de notre système démocratique.

‘Reporting with Integrity’ est l’un des huit principes du nouveau Code de bonne gouvernance. Sentez-vous un intérêt grandissant des entreprises locales à converger en ce sens ?

Définitivement ! De plus en plus d’entreprises non listées publient un rapport annuel. Il faut également souligner le rôle du Financial Reporting Council qui œuvre en ce sens.

Qu’en est-il des organisations étatiques et parapubliques? Y a-t-il une volonté d’être redevable, notamment dans l’optique d’assainir les dépenses publiques ?

Nous avons quelques bons élèves, mais ce n’est pas suffisant. Il faut savoir que l’action du MIoD vise également les entreprises publiques. La bonne gouvernance, c’est l’affaire de tous. Je vous disais plus tôt que nous devons envoyer des signaux forts et positifs. Cela implique aussi, sinon encore plus, le secteur public. Il y a définitivement encore un gros effort à faire de ce côté.

La révision du Code de bonne gouvernance vientelle répondre à des crises de gouvernance nouvellement rencontrées à l’échelle locale, ou est-ce parce que les bonnes pratiques sont la nouvelle norme à l’international ?

Il faut savoir que le premier code a été publié en 2004. Depuis cette année, beaucoup de données ont changé dans l’environnement socio-économique, obligeant une réflexion sur la pertinence du premier code. Le nouveau code publié en 2016 est donc venu répondre aux besoins de la dynamique de l’environnement. Il faut savoir qu’un Code de bonne gouvernance est le résultat d’une adéquation entre les exigences de l’environnement et le contexte de son orientation économique.

Dr Chris Pierce, CEO de Global Governance Services et auteur du nouveau code, est d’avis que de bonnes pratiques de gouvernance sont sources de croissance et de prospérité durable…

Ce n’est pas moi qui le contredirais. Nous avons des statistiques pour le prouver et suffisamment de cas d’école pour illustrer cela. La transparence, l’éthique et l’engagement pour un développement durable sont définitivement sources de croissance car ces pratiques, qui selon moi devraient constituer la culture de toute entreprise, amènent la confiance, élément capital de la croissance.

La diversité sur les conseils d’administration, tant en termes de compétences, de genres, de groupes d’âge que de profils, entre dans sa philosophie de bonnes pratiques. Comment fait-on cela quand la plupart des entreprises locales sont à la base des entreprises familiales ?

L’un n’empêche pas l’autre. Nous constatons que les groupes familiaux à Maurice sont de plus en plus diversifiés. Ils ont compris qu’il faut privilégier la compétence. Sur le plan pratique, beaucoup de ces entreprises ont institué des Board Charters et des Family Councils pour plus de transparence et d’accountability au niveau de leur fonctionnement.

Quel est votre regard sinon sur l’augmentation de 3,1 % de femmes exerçant comme ‘Non-Executive Directors’ sur les conseils d’administration, d’après le dernier sondage du MIoD et de Korn Ferry ?

Nous avons fait du progrès, mais ce n’est pas suffisant. Au-delà d’un état d’esprit, il faut de la volonté. Nous avons donc, à mon avis, du retard à rattraper. Cela ne se fera pas naturellement. Le débat autour des options telles que le quota et la nécessité de légiférer attise les passions. Au MIoD, nous mettons à la disposition des entreprises une base de données comprenant beaucoup de candidates au poste de NonExecutive Director. Nous avons également mis en place un Mentorship Framework pour celles qui aspirent à siéger comme Non-Executive Directors sur les conseils d’administration. Par ailleurs, un National Gender Policy est en cours de préparation par l’État. Nous avons donné notre point de vue sur le contenu du document. Espérons que tout cela nous fera faire du progrès.

Quel style de management privilégiez-vous ?

Un style qui appelle à la contribution de chacun selon son talent et qui privilégie le développement des ressources humaines.

On compte des dizaines de milliers d’entreprises enregistrées à Maurice. Pourtant, le MIoD n’en compte que 1 218, et ce, même après dix ans d’existence. Qu’est ce qui explique cet état de choses ?

Le plaidoyer autour de la bonne gouvernance demeure un parcours. Vous savez que ceux qui avaient contribué à la création du MIoD prévoyaient que notre membership tournerait autour de 100 membres, pas plus ! Il ne faut pas avoir les yeux plus gros que le ventre. Il faut y aller progressivement. La croissance de notre membership implique que nous devons avoir plus de moyens et de ressources pour répondre à leurs besoins respectifs.

Quels sont les grands chantiers du MIoD pour cette année ?

Nous allons nous concentrer davantage sur des formations ciblées, répondre aux besoins des membres d’une façon plus innovatrice, faire de la recherche à travers nos forums, et en collaboration avec l’Université de Maurice, proposer aux entreprises l’accès à notre base de données pour le recrutement de Non-Executive Directors, entre autres.