Azimah Domun : une âme contemporaine

Elle marie les matériaux et les couleurs, et intervient sur l’agencement d’espaces. D’un style minimaliste contemporain, la directrice d’AD Nova met l’art au cœur de ce qu’elle partage.

L’art est subjectif. Il donne une grande inspiration, une vie à l’espace. Il est l’élément le plus important dans un projet. «C’est difficile pour moi de pouvoir le définir. Par exemple, un tableau avec une histoire derrière, sera la touche à partir de laquelle nous pouvons décliner tout un salon», dit Azimah Domun. Parfois, une petite sculpture peut ajouter et donner une histoire à une pièce. «À Maurice, nous avons de la chance d’avoir des personnes extrêmement douées. Je pense notamment à Jocelyn Thomas et Raymond Levantard.»

Parlant d’art et d’inspiration, la fondatrice d’AD Nova à Grand-Baie à chemin 20 pieds explique comment elle intervient dans le volume de l’espace comme dans les faux plafonds, les points électriques et les points de lumière. «L’architecture d’intérieur n’est pas uniquement de la décoration. Nous le faisons d’une manière poussée», avance la jeune femme de 33 ans. Pour elle, embrasser ce domaine est une évidence. «C’est ce qui nous entoure au quotidien. Depuis toute petite, j’ai toujours envie de voir des choses harmonieuses et pratiques. J’aime vraiment aider les clients à harmoniser leur intérieur afin qu’il soit pratique pour leur besoin.»

Créer AD Nova était un projet qui la tenait à cœur. Elle avait envie de transmettre son propre style. L’échange avec le client est important. «C’était essentiel de pouvoir évoluer personnellement sans suivre les idées d’une autre personne. Je voulais montrer ma personnalité et montrer ce qu’est l’architecture d’intérieur pour moi. Ceux qui voient mon travail reconnaissent la touche d’AD Nova.» Fonder sa société est une forme de liberté. C’est avantageux de pouvoir s’organiser comme elle le veut. Elle reçoit des demandes différentes et des clients différents tous les jours. Tout est bien spécifique. «Il faut cerner et analyser les clients. Ils ont des histoires différentes. Cela se traduit dans les projets d’une manière très différente à chaque fois.»

Le minimalisme contemporain

La Mauricienne aux origines européennes aime le minimalisme contemporain. Elle aime tout ce qui est aligné et épuré. «J’aime les matériaux assez nobles comme le chêne et le noyer. Ce sont de beaux matériaux qui peuvent se marier facilement. Puis j’ajoute toujours une touche en fonction du client.» C’est là où elle arrive à s’exprimer. C’est avec des touches colorées qu’elle arrive à mettre leur personnalité en avant. «Certains me disent qu’il veulent un intérieur simple pour ensuite le personnaliser à leur manière», lâche celle qui affectionne le sport. Elle le pratique en tandem avec son compagnon.

Simple et en même temps dynamique, la Nordiste s’attelle toujours à ses activités avec le cœur. «Parfois, cela me porte préjudice mais tout ce que je fais, je le fais à fond. Je n’aime pas décevoir mes clients. C’en est autant dans ma vie personnelle.» Elle y va toujours au bout des choses. «C’est difficile parfois de ne jamais relâcher», livre la jeune maman. Recevoir des demandes du style rococo et baroque, Azimah Domun n’en démord pas. Elle sait savoir dévier. Elle aime les défis. «Comme ce n’est pas mon style de prédilection, je vais m’y lancer carrément.»

Pourtant au départ, on la prédisait aux métiers du droit. Le hasard fait bien les choses, il y a eu un Noël qui a tout changé. «C’est le départ du choix de ma carrière aujourd’hui», se rappelle la titulaire d’un Bac S et l’ex-étudiante de l’École bleue de Paris, une école d’architecture intérieure. «J’ai eu mon diplôme avec mention très bien… C’est autant l’architecture d’intérieur que le design produit.» Ainsi, elle connaît les proportions pour un canapé, une lampe et l’étude de la lumière dans un espace. «C’était des études très complètes.»

Dix ans plus tard, elle est la directrice de sa propre agence. Elle se plaît à toujours chercher et à innover. L’artiste puise son imagination de ses voyages. Le salon de design et à Venise en Italie la marque toujours autant. «C’était extraordinaire. C’est une ville que j’affectionne particulièrement.» À défaut de voyage, elle se souvient encore de son séjour à l’île de Burano avec ses petites maisons de toutes les couleurs. «Il y a vraiment une histoire derrière chaque couleur», raconte la fan de Stevie Wonder assise devant son ordinateur. «Je m’apprête à prendre un bon thé mauricien.» Elle affectionne le voyage et la cuisine. «J’adore manger et cuisiner. J’aime la cuisine mauricienne, française et italienne».

Son fils Liam, son millésime

Entre la mère et la directrice, Azimah Domun s’épanouit  dans tout ce qu’elle entreprend. Donner la vie symbolise une nouvelle étape cruciale. Elle gère sa vie et s’organise selon ses envies et ses convictions. «Être maman, c’est un rôle nouveau pour moi. Mon fils Liam est né il y a quelques mois de cela. Avec le travail et la fermeture des crèches, par moments, c’est compliqué», dit-elle d’une voix émue. Son fils est son millésime, sa plus belle année. Elle est heureuse, c’est ça être mère. «Il a encore besoin de nous la nuit.» La famille est le fondement de tout. C’est le travail le plus gratifiant et le plus exigeant. C’est l’une de ses plus grandes motivations. «Mon fils est une réelle motivation pour avancer, d’assurer son avenir et notre avenir. Nous ne savons pas de quoi demain est fait», confie-t-elle.

Le confinement, le télétravail, et l’épidémie Covid ont fait évoluer le monde du travail. Certaines entreprises font actuellement face à des difficultés financières importantes en raison de la pandémie qui joue les prolongations. «La situation a fait qu’aujourd’hui, j’ai dû réduire mon effectif pour pouvoir gérer ma compagnie en solo et accompagner mes clients de façon personnalisée.» L’ex-Parisienne a reciblé la façon dont AD Nova fonctionne. «C’est pratique pour pouvoir avancer.»

Pour le moment, la créatrice se concentre sur les projets de résidences. Elle souhaite collaborer davantage avec des artistes et des artisans mauriciens.  «Comme on se recentre sur Maurice et qu’avant j’avais beaucoup de projets avec des clients internationaux, l’idée c’est de travailler sur la manière dont le Mauricien évolue dans sa maison.»

Hors-texte

L’architecture d’intérieur et la pandémie

Pour AD Nova, c’est business as usual. «Le travail arrive en moins grande quantité mais il faut savoir gérer. Ce reconfinement a été mieux que le premier», estime la directrice. «Nous travaillons sous plusieurs étapes. Nous avons un concept, les dessins détaillés et les visites sur les chantiers», souligne Azimah Domun. Elle est, selon ses dires, dans la phase qui a plutôt bien fonctionnée tandis que l’année dernière, cela a été compliqué d’évoluer. «Je peux travailler de chez moi. Je ne suis pas trop bloquée.» Les fournisseurs fournissent des catalogues en ligne, ce qui facilite la tâche. «J’arrive à faire mes assemblages grâce aux catalogues interactifs.»

Covid : le besoin de réinventer la maison

«Dans nos maisons, on va devoir repenser nos intérieurs parce qu’en télétravaillant de chez soi, chacun a besoin de son espace», concède Azimah Domun. Le but de redécorer son chez soi est d’atteindre un équilibre intérieur personnalisé. La maison est devenue le lieu où tout se déroule. «On a aussi besoin de plusieurs zones pour s’évader. Cela peut être une bibliothèque pour s’installer pour lire un livre, un coin musique ou un coin jeux pour les enfants.» Ils sont primordiaux dans l’évolution des intérieurs avec cette période de pandémie. Les couleurs comptent tout autant. «Il faut rester dans les couleurs neutres et relaxantes.»