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Domaine de Labourdonnais – Un modèle de croissance durable

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Domaine de Labourdonnais - Un modèle de croissance durable | business-magazine.mu


Membre fondateur du label Made in Moris, le Domaine de Labourdonnais est un fleuron de l’entrepreneuriat mauricien. Son directeur envisage son avenir en complémentarité avec les projets de Smart city. Il mise pour cela sur le cachet historique des lieux et le fondement d’un éco-village durable et authentique.

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C’est dans un bureau baigné de soleil que nous rencontrons Jean François Lagesse, Managing Director du Domaine de Labourdonnais. On pourrait croire que l’atmosphère tropicale incite à la détente mais l’impression est trompeuse. «Je suis passionné par mon travail. Pour m’occuper de tous les projets en cours, j’ai pris l’habitude d’arriver très tôt au bureau et de continuer à travailler jusqu’à très tard dans la soirée», confie-t-il. Les projets qu’il supervise n’en sont pas des moindres, car le Domaine de Labourdonnais est un véritable exemple de diversification et d’intégration verticale, dans le respect de la nature. Avec un chiffre d’affaires de Rs 327 millions en 2017, la compagnie est en pleine croissance et réorganisation de ses divers secteurs d’activités.

«Tous les métiers, en particulier ceux de l’agriculture, ou en lien avec la nature, demandent du temps pour bien comprendre les choses, surtout tout ce qui est nouveau. Le macadamia, par exemple, prend du temps à pousser et requiert tout un ensemble de conditions pour produire ses premières noix. Du coup, selon les cultures, nous avançons avec précaution, et nous misons sur des quantités de production réduites avant de nous lancer à grande échelle», explique le Managing Director. Il parcourt avec intérêt les mesures budgétaires annoncées pour l’exercice 2018-2019. Jean François Lagesse ne peut que louer les mesures incitatives pour l’agriculture raisonnée et biologique. Le Domaine fait partie d’un projet initié par la Chambre d’Agriculture, la Smart Agriculture (agriculture raisonnée).

«Avant de devenir un producteur bio, nous devons passer par une étape intermédiaire», insiste d’ailleurs Jean François Lagesse. Il y a aussi d’autres initiatives et le Domaine a participé récemment à un projet de recyclage de conteneurs de pesticides avec l’association Croplife Mauritius. Ce programme a mis l’accent sur l’élimination des résidus de pesticides de leurs contenants selon la méthode du triple lavage, une étape cruciale avant le recyclage. Le directeur est sensible à la question de l’utilisation d’herbicides chimiques car la proximité des champs avec d’autres cultures a une conséquence directe sur la possibilité de prétendre à un label bio délivré par des organismes de certification comme Écocert.

Ayant 400 hectares de champs de canne à sucre à traiter, Jean François Lagesse reconnaît que les habitudes d’utilisation des produits chimiques évoluent chez les grands propriétaires de champs de canne à sucre, mais cela prendra encore une dizaine d’années pour se débarrasser de l’utilisation des herbicides, par exemple. «Par contre, Maurice est l’un des rares pays à avoir très rarement adopté l’usage de pesticides pour lutter contre les éventuelles maladies dans la culture de la canne à sucre. Les engrais sont aujourd’hui de plus en plus écologiques, comme le CMS (Concentrated Molasses Stillage) produit par Omnicane, ou encore des produits à base d’algues. Les techniques telles que le paillage ont un avantage non négligeable sur le contrôle des mauvaises herbes. C’est une approche de lutte intégrée qu’il faut avoir afin de réduire notre dépendance aux produits chimiques», soutient-il.

Le Domaine de Labourdonnais exploite savamment sa production cannière. La distillerie produit six types de rhums ‘classiques’, dont des XO de cinq ans, mais aussi neuf types de rhums arrangés, de la gamme Fusion, régulièrement primés aux Salons internationaux. Les fruits et épices produits sur place parfument naturellement ces rhums qui peuvent être appréciés in situ au bar de dégustation. Jean François Lagesse caresse le projet d’une montée en gamme des rhums dans un futur proche. Par ailleurs, le verger centenaire du Domaine est ouvert aux visites, à bord d’un petit train, Le Labourdonnais Express. «Nous travaillons sur un projet qui améliorera l’offre ‘loisir’ sur le domaine dans les mois à venir», révèle Jean François Lagesse.


Un assortiment de 125 produits

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Les produits du verger et des champs ravissent les clients de multiples autres façons. Les légumes et fruits entrent dans la composition des menus proposés au café/resto du Domaine, La Terrasse. Ils agrémentent aussi les préparations servies au restaurant, La Table du Château. Ils conquièrent de même les acheteurs friands de bons produits qui rendent visite à l’épicerie La Corbeille. L’usine de transformation confectionne les produits Les Vergers de Labourdonnais sous le label Made in Moris. On retrouve notamment un assortiment de 125 produits du Domaine que les hôteliers ont adoptés depuis longtemps : confitures, pâtes de fruits, miels, gelées, purées de fruits, jus, sorbets, glaces et pâtes de piment, entre autres. Disponibles également dans les réseaux de la grande distribution, les produits des Vergers de Labourdonnais sont synonymes de fraîcheur et de qualité. Leur packaging diversifié et élégant en fait des cadeaux de choix pour la diaspora et les touristes.

L’usine, aux normes HACCP, vient d’ailleurs d’être agrandie et équipée pour répondre aux demandes futures. Jean François Lagesse déplore toutefois l’imposition de la Sugar Tax qui, trouve-t-il, n’encourage pas la production locale. En effet, elle frappe non seulement la quantité de sucre ajoutée pour stabiliser les produits et/ou les sucrer, mais elle se calcule en incluant également le taux de glucide naturel qui se trouve dans le fruit, le fructose. Le Managing Director estime que taxer le taux de glucide naturel est contre-productif et n’encourage pas l’entrepreneuriat, même si l’objectif santé est de contrôler la progression du diabète à Maurice.

Outre son potager, ses légumes et son verger, le Domaine de Labourdonnais compte une pépinière installée au fond de la propriété. Jean François Lagesse n’est, en effet, pas peu fier de la variété d’arbustes et de fleurs qu’on y trouve et cultivés selon des pratiques agricoles saines. Des copeaux de bois y sont aussi vendus pour les jardiniers adoptant la technique du paillage pour contrer les mauvaises herbes, une solution esthétique et pratique pour remplacer les herbicides. 

C’est une activité qui reste quand même compliquée et la vente de plantes souffre de la concurrence des nombreuses pépinières de la région. Le Managing Director du Domaine estime que les arbres, fleurs et arbustes variés de la pépinière pourraient pourtant utilement servir au reboisement des zones où ont eu lieu les grands travaux infrastructurels et qui ont nécessité l’abattage de grands arbres. «Pour chaque arbre sacrifié, il faut en replanter deux au minimum», suggère-t-il. L’homme reste un amoureux de la nature qui prône l’évolution et l’innovation, en équilibre avec l’environnement et avec le devoir de transmission de l’histoire. «Au Domaine, malgré le coût, nous prenons soin de nos arbres majestueux qui n’ont pas d’âge et qui sont les témoins d’un pan de l’histoire du pays. Regardez ce grand tamarinier dans la cour, on y retrouve le cadre d’une cloche qui sonnait tous les matins à cinq heures tapantes, du temps où l’usine sucrière fonctionnait toujours», indique-t-il, les yeux brillants de ses souvenirs d’enfance.


Un chiffre d’affaires de Rs 327 millions en 2017

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Le Domaine, ayant été sollicité pour des espaces bureaux de 15 m2 à 300 m2 , déploie ses futures constructions selon le cachet Labourdonnais, c’est-àdire, en symbiose avec la nature et le minéral, avec des bâtisses en pierres apparentes. De plus, pour renforcer l’aspect santé, et bien-être physique et mental, une section dédiée aux activités sportives, paramédicales et aux consultations spécialisées y verra le jour. Néanmoins, conscient de la nécessité d’améliorer l’accès au Domaine, Jean François Lagesse souhaite engager des pourparlers avec les autorités concernées afin de trouver une solution durable aux embouteillages qui rythment les arrivées et départs des écoliers des trois écoles voisines. Des vestiges ayant été découverts pendant les travaux de développement des espaces bureaux additionnels, Jean François Lagesse songe d’ailleurs à un parcours historique pour les mettre en valeur et à l’abri. L’attention portée à l’histoire apporte un véritable cachet au Domaine, dont le château est visité par d’innombrables touristes. Les lieux sont souvent privatisés par des particuliers et des institutions pour marquer des événements importants. Et la salle de conférences, d’une capacité de 75 personnes, offre un cadre particulier pour des séminaires et rencontres professionnelles avec possibilité de restauration.

Le Domaine de Labourdonnais voit grand et a déjà une vision pour les moyen et long termes. Avec le développement des Smart Cities à Maurice, le Managing Director envisage le futur du Domaine tout en complémentarité avec ces développements à caractère urbain. «Nous souhaitons être complémentaires et offrir un cadre vert et reposant, un véritable village authentique, d’une beauté à couper le souffle, qui dégage un ‘feel good factor’ et rapidement accessible par autoroute, même de la capitale», conclut Jean François Lagesse en contemplant d’un regard appréciatif un majestueux arbre banyan centenaire.

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