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Saleem Beebeejaun : «Le secteur privé a besoin de capitaines courageux pour braver la tempête»

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Saleem Beebeejaun Business Magazine

Saleem Beebeejaun : «Le secteur privé a besoin de capitaines courageux pour braver la tempête»

Dans l’ère post-pandémie, l’économie mondiale sera nettement plus digitalisée et moins mondialisée. Et l’on devrait assister à l’émergence d’un monde bipolaire, lequel sera tiré par la Chine et les États-Unis. Quant à l’Europe, elle aura son mot à dire, mais sera trop occupée à panser ses plaies pour pouvoir vraiment influencer les affaires. Des réalités auxquelles Maurice doit être particulièrement sensible. Il s’agira ainsi pour le pays de revoir ses stratégies, ses marchés, ses services et surtout ses compétences internes, observe Saleem Beebeejaun, Chairman d’Ashton Financial Partners et Founding Chairman de Warwyck Private Bank.

La crise de Covid-19 a plongé le monde dans sa plus grave récession depuis la Grande dépression. Concernant l’économie mauricienne, elle devrait se contracter de 14,2 %, selon les dernières estimations. Saura-ton se relever ?

 

Il faut bien comprendre les effets de la pandémie sur les grosses économies mondiales. On prévoit une contraction de l’économie mondiale, mais avec des variations très significatives d’une économie à l’autre. Nous assistons à un nouvel ordre au niveau de l’économie mondiale. Aujourd’hui, on prévoit qu’à la fin de 2021, l’économie chinoise va croître de 10 % et que l’économie américaine se relèvera à son niveau de 2019. Par contre, l’Europe sera à la traîne. Il faut, entre autres, comprendre les structures économiques pour expliquer ces différences de performance et de reprise économique des grosses économies. La Chine repose dans une grande mesure sur des usines où il est plus facile de pratiquer de la distanciation physique alors qu’en Europe, les entreprises de services dépendent sur les contacts en face à face. De plus, la Chine a été beaucoup plus vigoureuse dans sa gestion de la pandémie qu’ailleurs. Qu’est-ce qui changera dans l’économie mondiale post-pandémie ? Nous pensons quelle sera nettement plus digitalisée, certainement moins mondialisée et je pense aussi qu’émergera un monde bipolaire avec deux pôles très distincts tirés par la Chine et les États-Unis. L’Europe aura son mot à dire, mais elle sera trop occupée à panser ses plaies pour pouvoir vraiment influencer les affaires. Il y aura un grand
chamboulement au niveau de la structure des chaînes d’approvisionnement et on verra une renaissance des industries manufacturières aux États-Unis et en Europe, au détriment de la Chine et d’autres pays manufacturiers. Tout cela pour vous dire que je suis convaincu que Maurice pourra certainement se relever car nous sommes résilients, organisés et combatifs. Mais qu’on ne se fasse pas d’illusions : ce sera une tâche herculéenne. Il est évident que sachant que le monde se redessine, il nous faut impérativement revoir nos stratégies, nos marchés, nos services et surtout nos compétences internes, dont nous aurons besoin pour arriver à bon port.

L’État et le secteur privé sont à couteaux tirés sur la Contribution sociale généralisée. Un climat tendu qui risque de compromettre la reprise. Le bon sens finira-t-il par prévaloir ?

 

Une des forces motrices de Maurice a été le fort pragmatisme dont sont imprégnés les différents acteurs économiques. À tout changement, il y a historiquement de la résistance et le sujet que nous abordons est un domaine épineux puisqu’il s’agit des prélèvements sociaux. Je
suis convaincu que les parties feront la part des choses et que la communication passera. Mais de là à penser que le climat y résultant va irrémédiablement compromettre une reprise, non je ne le pense pas. Les enjeux sont tellement importants et il nous faut nous focaliser sur la dynamique du nouvel ordre mondial qui émerge. Il y va de l’avenir de notre économie. Donc, par extension, celui du pays. Nous ne pouvons pas, par conséquent, nous permettre d’être approximatifs ou ambigus, et il est aujourd’hui impératif de se montrer clair et limpide sur notre stratégie de repositionnement.

 

L’économie mauricienne est sous perfusion. Certaines industries comme le tourisme et le secteur manufacturier survivent grâce à l’appui financier du Trésor public et de la Banque de Maurice à travers la Mauritius Investment Corporation (MIC). Jusqu’où tiendra-t-on le coup ?

 

Toute l’économie mondiale est sous perfusion et dans certains pays, les dégâts sont nettement plus considérables qu’ici. Cela dit, notre économie est très sévèrement touchée et nous sommes en récession. Contrairement aux prévisions, la Covid-19 a eu un impact beaucoup plus négatif sur l’activité économique au premier semestre de 2020 et la reprise devrait être malheureusement plus progressive par rapport à ce qui était initialement prévu. Il faut se dire qu’il y a très peu de visibilité en ce qui concerne l’avenir, mais disons qu’il y a plusieurs facteurs qui entrent en jeu. Il y a notamment l’avènement des vaccins, l’élaboration d’un protocole pour les voyages, l’introduction d’un passeport sanitaire numérique et tout cela en tenant compte que nous avons maintenant une meilleure compréhension au sujet de la gestion de la maladie. L’autre étape fondamentale demeure l’attente de la reprise économique de nos principaux partenaires avant d’envisager une amélioration de notre situation. Il faut cependant noter qu’il n’y a pas eu de crise financière planétaire et que nous pourrions donc toujours emprunter, sachant qu’une aide internationale soutenue et concertée sera nécessaire et disponible pour de nombreux pays.

 

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