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Dr Claire Blaizy-Jauzac (CEO du CIDP) – «Le temps de développement d’un vaccin anti-Covid-19 ramené à 12-18 mois»

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Dr Claire Blaizy-Jauzac (CEO du CIDP) - «Le temps de développement d’un vaccin anti-Covid-19 ramené à 12-18 mois» | business-magazine.mu

Quoique étant un marché économique mondial important, le secteur de la recherche clinique est toutefois peu développé à Maurice. Pourquoi ?

Il y a plusieurs explications à cela. Le plan stratégique pour développer un nouveau secteur de l’économie est un plan sur le long terme. Il faut créer un écosystème favorable à l’implantation de structures comme la nôtre et communiquer à l’international sur ce potentiel. Il faut mettre en place des régulations, avec des compétences au niveau local, investir dans les formations universitaires des métiers de la recherche clinique, favoriser les partenariats public-privé, soutenir les projets de recherche mauriciens et promouvoir la destination Maurice comme un centre de recherche et de développement d’excellence. Toutefois, depuis 2004, nous avons parcouru une partie du chemin.

En 2011, Maurice s’est doté d’un cadre légal encadrant les essais cliniques – le Clinical Trial Act – qui a réglementé les études cliniques et a mis Maurice en conformité avec les normes internationales. Aujourd’hui, Maurice est doté d’une instance, soit le Clinical Research Regulatory Council (CRRC), qui a la responsabilité de délivrer les licences d’études cliniques. Le CRRC peut s’appuyer sur un comité d’éthique et un comité de pharmacovigilance.

Le CIDP est reconnu par de nombreux laboratoires internationaux pour la qualité de ses recherches et son expertise pointue. Nous sommes sur la bonne voie. Nous aurons d’ici à la fin de l’année un audit de la Food and Drug Administration (FDA), autorité compétente aux États-Unis. C’est une énorme opportunité pour CIDP, mais aussi pour le secteur de la recherche clinique à Maurice. Cela permettra d’ajouter Maurice sur la feuille de route des pays où il est possible de conduire des études cliniques.

Avec des entreprises comme Aspen et Quantilab, nous avons participé à la rédaction d’un White paper afin d’aider le gouvernement à promouvoir le secteur des biotechnologies à Maurice. Aujourd’hui, certaines entreprises européennes sont prêtes à délocaliser une partie de leurs services et activités à Maurice. C’est un cercle vertueux : plus il y aura de projets de recherche, plus les laboratoires voudront délocaliser leur programme de recherche dans notre pays.

 

Basé à Maurice depuis 2004, le CIDP est un pionnier au niveau de la recherche et l’innovation dans le secteur de la cosmétique et clinique. Pouvez-vous élaborer sur ce domaine d’expertise ?

Implanté à Maurice depuis plus de 15 ans, le CIDP est un groupe international pionnier dans le domaine de la recherche et du développement pharmaceutiques et cosmétiques. Entreprise phare et ambassadrice du savoir-faire de Maurice, elle a pour vocation d’évaluer les ingrédients, les matières premières et les actifs médicamenteux ou cosmétiques. Le groupe a très vite ressenti le besoin de se développer à l’international, afin d’étoffer son offre et de diversifier ses compétences. Preuve de sa solidité, le CIDP possède, outre son siège mauricien, des filiales sur quatre continents (Roumanie, Inde, Brésil et Singapour).

Le CIDP Clinical Research propose des services de SMO (Site Management Organisation) pour la conduite d’études cliniques allant du Medical writing à la sélection des sites investigateurs, en passant par le monitoring et la pharmacovigilance. Avec des filiales situées en Roumanie, au Brésil, en Inde et à Singapour, le CIDP offre l’opportunité de conduire des études multicentriques. Le CIDP travaille en dermo-cosmétique mais aussi autour des axes thérapeutiques majeurs tels que l’endocrinologie, le diabète (pédiatrique, gestationnel, adulte), l’obésité, la dermatologie, les maladies cardio-vasculaires, les maladies respiratoires, le cancer et les maladies métaboliques.

Le CIDP Biostats & Data propose une gamme complète de solutions allant de la création de bases à l’analyse statistique des données, en passant par la validation et le codage médical. Pour sa part, le CIDP Regulatory Affairs offre des prestations de conseils réglementaires, de préparation et de soumission de dossiers (CTA/IND, AMM/NDA) aux instances nationales.

Combien pèse le CIDP en termes de chiffre d’affaires ?

Aujourd’hui, notre actionnaire majoritaire est IBL, qui détient 90 % de l’actionnariat. Quand nous nous sommes diversifiés et que nous avons commencé à ouvrir des filiales à l’étranger, nous avons cherché un partenaire financier. Ainsi, IBL est entrée au capital de CIDP en 2012, l’année où nous avons ouvert notre filiale au Brésil, à Rio de Janeiro. Nous prévoyons pour cette année un chiffre d’affaires de Rs 300 millions.

 

Qu’en est-il de votre effectif à Maurice et dans vos autres filiales ?

Aujourd’hui, le CIDP compte 128 employés à travers le monde, dont 50 à Maurice, où se trouve notre siège. Nous avons de nombreuses compétences qui ont brillé à l’étranger et qui ont fait le choix de revenir à Maurice pour participer au développement de CIDP. 

Ainsi, le Dr Véronique Newton travaillait à l’institut Pasteur à Paris avant de se joindre à nous. Le Dr Reshma Ramracheya était, elle, à l’université d’Oxford. Vandana Mungroo, qui a la responsabilité des opérations cosmétiques pour Maurice et l’ensemble de nos filiales, a dirigé durant deux années notre centre à New Delhi. Et Rajini Naidoo Cartier, après une carrière dans une grande firme d’audit, a rejoint CIDP en tant que Responsable Qualité, Health and Safety et développement durable pour l’ensemble du groupe.

 

Opérer un centre de recherche et de biotechnologie nécessite des équipements, du matériel high-tech mais aussi du savoir-faire. Jusqu’ici, quels sont les investissements auxquels le CIDP a consentis ?

Nous avons ouvert quatre filiales dans des capitales de premier plan. Ce sont des investissements importants. Nous avons aussi beaucoup investi dans la formation du personnel, à la fois technique et spécifique aux métiers, mais aussi sur des sujets importants comme le Règlement général sur la protection des données (RGPD) et le développement durable. Nous avons d’ailleurs, l’année dernière, publié notre premier rapport de développement durable.

Nous disposons d’appareils de haute technologie qui permettent de réaliser des mesures biomécaniques de la peau ou de faire de l’imagerie à très haute définition : échographes, visia, colorface, entre autres. 

Nous avons aussi une cellule de Franz qui permet de faire de la pénétration cutanée et aussi un cytomètre en flux qui est un outil de diagnostic pointu qui permet de faire de l’immunophénotypage, notamment pour les cancers non solides comme les leucémies.

Avons-nous suffisamment de compétences à Maurice pour évoluer dans les domaines des biotechnologies ou doit-on se tourner vers l’expertise étrangère ?

Oui, il y a des compétences mauriciennes, à Maurice et à l’étranger. Nous comptons au sein de l’équipe plusieurs scientifiques qui travaillaient pour des grands instituts de recherche. Ces scientifiques sont revenus au pays pour travailler chez CIDP.

Pour certaines compétences peu nombreuses à Maurice, nous offrons des formations : attaché de recherche clinique CRA, Medical writer, bonnes pratiques cliniques, bonnes pratiques de laboratoire, par exemple. Pour certaines compétences très spécifiques comme les toxicologues, nous faisons appel à des consultants européens.

Vos services sont développés essentiellement pour une clientèle étrangère. Où sont basés vos clients ?

Nous développons des services pour l’industrie cosmétique et pharmaceutique. Au total, 51 % de nos clients sont en Europe (France, Espagne, Royaume-Uni et Allemagne), 19 % aux États-Unis, 13 % à Singapour, 8 % au Brésil, 6 % en Inde et 3 % au Japon.

 

Dans le dernier Budget, le gouvernement a annoncé son intention de faire de Maurice une plateforme dans les biotechnologies et la recherche pharmaceutique. Comment accueillez-vous cela ?

Avec la situation actuelle de Covid-19, il devient évident qu’il est important de mettre en place des plateformes de recherche, particulièrement dans le domaine de la biotechnologie et la pharmacie. En effet, cela nous permet d’être mieux armé pour affronter les maladies infectieuses ou non infectieuses qui surviennent ou surviendront.

Je pense que c’est une bonne chose. Le gouvernement doit soutenir des projets de recherche mauricio-mauriciens. À ce titre, nous avons reçu un grant du Mauritius Research & Innovation Council (MRIC). Au sein du CIDP, nous avons mis en place un projet de recherche, en collaboration avec l’Université de technologie, et financé en partie par le MRIC. Ce projet, qui est Intitulé «Établissement d’une nouvelle méthode de diagnostic de tumeur non solide à l’île Maurice», a pour objectif de permettre le diagnostic et la surveillance des cancers non solides tels que les lymphomes et les leucémies par immunophénotypage à l’aide d’un appareil que nous possédons et qui est unique à Maurice : le cytomètre en flux. Étant donné que la technologie est déjà disponible au CIDP et que nous avons au sein du personnel l’expertise requise pour développer les différents outils de diagnostic, nous allons mettre en place et développer ce projet afin que cette technologie puisse bénéficier aux patients mauriciens atteints de cancer pour le diagnostic de la maladie et le suivi des traitements.

Aujourd’hui, nous attendons la réouverture des frontières pour que les techniciens puissent venir d’Afrique du Sud pour faire la maintenance annuelle de l’appareil et démarrer ce projet passionnant. En tant qu’entreprise mauricienne, nous devons être un acteur de la santé publique. Je pense qu’il y a beaucoup de ponts possibles entre le privé et le secteur public. Nous devons faciliter ces échanges de compétences et de savoir.

 

Quelles sont les réglementations qu’il faut mettre en place et quel est le cadre juridique à adopter pour favoriser l’essor du secteur des biotechnologies à Maurice ?

Nous avons un cadre légal, à savoir le Clinical Trial Bill de 2011. Il a été amendé en 2019, en plus de s’appliquer aux médicaments (drug), il s’applique aux dispositifs médicaux (medical devices). Toutefois, cette loi ne précise pas les différentes classes de «devices». Il faudrait préciser cela dans les décrets d’application car aujourd’hui il y a un flou à ce niveau.

Comme je vous le disais, le Finance Act 2019 a modifié certains points, et c’est une bonne chose. La loi prévoit un Registration certificate pour les CRO. À ce jour, cela n’a pas été mis en application. C’est important d’avoir une autorité compétente forte. Avec l’Economic Development Board (EDB), nous devons promouvoir ce secteur d’activités pour attirer les investisseurs, mais le ministère de la Santé doit jouer son rôle de régulateur et venir auditer les structures comme les nôtres afin de garantir le sérieux, la qualité et les compétences des structures qui seraient susceptibles de s’installer à Maurice.

 

Quel est le potentiel en termes de création d’emplois et de richesse que peut apporter l’industrie des CRO (Contract Research Organization) pour l’industrie pharmaceutique et cosmétologique ?

Aujourd’hui, le marché de la sous-traitance R&D, c’est-à-dire le marché des CRO, est estimé à $ 57 milliards. Par exemple, en France, il y a 300 entreprises qui opèrent dans le secteur des CRO. Je pense qu’à un horizon de cinq ans, le marché des CRO à Maurice pourrait représenter Rs 5 milliards à Rs 6 milliards. C’est un secteur d’activité qui pourrait créer 1 300 à 1 500 emplois hautement qualifiés.

 

Les biotechs et les medtechs bénéficient depuis quelques années d’un engouement croissant de la part des investisseurs. N’est-ce pas un filon à développer par le secteur boursier mauricien ?

En effet, les medtechs et les biotechs ont, depuis une vingtaine d’années, vu un engouement croissant pour devenir aujourd’hui un des premiers secteurs boursiers en Europe (premier en France) et aux États-Unis. Pour ouvrir ce marché à Maurice, il faut créer de l’intérêt pour ces entreprises grâce à un cadre légal, un environnement technique et une vraie expertise qui ne sont pas encore présents malgré quelques signaux forts présentés par le gouvernement dans le dernier Budget. Le CIDP contribue aujourd’hui à placer Maurice sur la carte de la recherche internationale de par la qualité et l’expertise de ses prestations.

 

Voyez-vous des opportunités sur le plan régional ? Quand on sait la prévalence du diabète dans les îles de la région, comment pensez-vous que votre centre peut contribuer à mieux cerner la maladie?

En effet, nous devons renforcer la coopération régionale. À La Réunion, des centres de recherche clinique existent déjà dans les hôpitaux publics (CHU). Je pense qu’il est important de former les professionnels de la santé aux métiers de recherche clinique et que nous devons développer de telles structures à Maurice dans les hôpitaux publics.

Le Centre d’investigation clinique de La Réunion (CIC 1410) est une structure de recherche qui a été créée en 2004. Ce CIC dispose d’un module en Épidémiologie Clinique. L’objectif de ce module est de fédérer les moyens en personnel, en matériel et financiers autour du thème de l’épidémiologie clinique.

Les activités portent notamment sur les domaines suivants : l’évaluation de stratégies diagnostiques ou de dépistage, les études pronostiques, la mise en place de cohortes hospitalières ou en population générale, la mise en place d’études de tous types en population générale, la mise en place d’études interventionnelles ayant un intérêt de santé publique, la conception et la gestion de bases de données de recherche, l’accès et l’analyse des bases de données médico-administratives.

À Maurice, nous accompagnons les patients avec un suivi personnalisé, nous travaillons avec des nurses, des nutritionnistes et des diabétologues. Chaque année, au moment de la journée internationale contre le diabète, nous organisons des animations afin de sensibiliser le public mauricien à l’importance d’une alimentation équilibrée et d’une pratique sportive régulière.

Aujourd’hui, le focus de CIDP, à Maurice, sur le diabète est sur trois axes : apporter du support aux adultes diabétiques de type II ; accompagner aussi les enfants car nous avons une recrudescence inquiétante d’enfants et d’adolescents avec du diabète de type II, et c’est un vrai challenge pour Maurice ; et prévenir le diabète gestationnel.

Sur l’axe diabète gestationnel, nous collaborons aussi avec le Medical Research Council de Cape Town, en Afrique du Sud. Il y a aussi d’autres enjeux de santé publique. Ainsi, presque 40 % des Mauriciens adultes souffrent d’obésité qui est, on le sait, un facteur de risque pour les maladies métaboliques telles que le NASH.

 

Le CIDP est-il prêt à ouvrir son actionnariat et à lever des capitaux sur le marché boursier local si l’occasion se présentait ?

Le CIDP a vocation à poursuivre sa croissance avec des partenaires locaux et internationaux. Nous sommes d’ailleurs en pleine revue stratégique afin de nous orienter au mieux suite à la crise de Covid-19 qui a secoué de nombreux secteurs, dont celui des biotechs et medtechs, qui ont revu leur façon de travailler et d’innover (AI, télé-médecine, etc.). Ces secteurs vont investir massivement et la sous-traitance vers des CRO va augmenter afin de gagner en agilité et en rapidité. Nous privilégions avec IBL des partenariats métiers afin de faire croître le groupe CIDP. 

Toutefois, si notre stratégie nécessitait des investissements conséquents, notre holding serait sans doute ouverte à toutes les opportunités afin de nous permettre de répondre au mieux aux demandes du marché.

 

Le monde est engagé ces jours-ci dans une course folle pour le développement et la commercialisation d’un vaccin contre la Covid-19, qui permettra de gagner la guerre contre la pandémie. Pourra-t-on mettre au point un vaccin d’ici à la fin de l’année ?

Avant qu’un vaccin puisse être utilisé, il doit passer par un développement en plusieurs étapes et subir des tests pour s’assurer qu’il est efficace contre le virus et qu’il ne cause pas d’autres problèmes. Pour le vaccin contre la Covid-19, beaucoup de scientifiques et de laboratoires pharmaceutiques travaillent pour trouver rapidement un vaccin efficace et sûr. Même si la Covid-19 n’est apparue que fin 2019, les scientifiques avaient déjà les données des recherches sur les coronavirus similaires qui causent le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) et le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS). Les efforts déployés pour lutter contre ces maladies ont joué un rôle dans la vitesse record des essais de vaccins de Covid-19 en cours.

Certains des vaccins actuellement à l’essai utilisent de l’ARN messager (ARNm). C’est l’ARNm qui porte les instructions pour fabriquer la protéine «spike» qui laisse le virus pénétrer dans les cellules humaines. Le vaccin à ARNm dit à vos cellules immunitaires de fabriquer la protéine et d’agir comme si elles avaient déjà été infectées par le coronavirus, vous donnant une certaine immunité contre celui-ci. Un autre candidat utilise un ADN conçu pour déclencher une réponse immunitaire au virus.

Plusieurs vaccins ont des versions affaiblies de l’adénovirus, l’un des virus responsables du rhume. Il a été combiné avec les gènes de la protéine «spike» du nouveau coronavirus pour inciter votre système immunitaire à le combattre. 

D’autres vaccins qui ne font pas encore l’objet d’essais cliniques apprennent à votre système immunitaire à cibler le coronavirus en utilisant des versions de la protéine «spike» ou du virus lui-même.

Parmi les technologies vaccinales en cours d’évaluation figurent les vaccins à virus entiers, les vaccins à sous-unités de protéines recombinantes et les vaccins à base d’acide nucléique.

 

Pourquoi ne doit-on pas brûler les étapes dans le processus de développement d’un vaccin comme celui d’une molécule contre la Covid-19 ?

Chaque étape dans le processus de développement d’un vaccin est essentielle pour s’assurer qu’il est efficace contre le micro-organisme et qu’il est bien toléré et ne cause pas d’autres problèmes.

Concrètement, combien cela coûtera-t-il pour la production et la commercialisation d’un vaccin à l’échelle planétaire ?

Dans le prix d’un vaccin, il y a le coût de l’investissement R&D et le coût de la production de ce vaccin. La durée de développement d’un vaccin est estimée actuellement de 10 à 15 ans pour un budget total moyen estimé à 1 milliard d’euros. Le développement clinique est particulièrement long, notamment pour la phase 3 chargée de démontrer l’efficacité du vaccin à grande échelle sur plusieurs milliers ou dizaines de milliers de sujets.

Se rajoute aux coûts d’études cliniques, la prise en compte de l’unité de production, englobant outre le bâtiment lui-même, ses équipements, ses utilités et toutes les procédures de qualification et de validation qui doivent se conformer aux exigences des bonnes pratiques de fabrication (cGMP pour les États-Unis).

Du fait des propriétés infectieuses de la plupart des organismes impliqués dans la production, les étapes de culture s’effectuent en zone confinée et en atmosphère contrôlée pour assurer un niveau d’empoussièrement et de biocontamination minimal. Le but est à la fois de protéger l’environnement et d’assurer la protection des opérateurs ainsi que celle du produit en cours de fabrication. Le confinement primaire est assuré par les bioréacteurs et les postes de sécurités microbiologiques (PSM) pendant les phases dites «ouvertes».

Les bactéries et virus infectieux sont cultivés à grande échelle, ce qui multiplie le risque de dissémination si les règles de confinement ne sont pas respectées. Il existe au niveau international un classement répertoriant chaque bactérie ou virus infectieux dans un niveau de confinement classé de 2 à 4. Il faut prévoir un montant compris entre 100 millions et 200 millions d’euros pour la mise à disposition d’un bâtiment validé et fonctionnel.

 

Est-ce que la Covid-19 a démontré les limites du monde scientifique à apporter une réponse rapide à une pandémie ?

La science et la technologie sont essentielles à la réponse collective de l’humanité face à la pandémie de Covid-19.

Aujourd’hui, pour apporter une réponse rapide à la pandémie, il faut d’abord renforcer la confiance du public dans la science. La confiance du public dans la science est essentielle. Dans le cas de la Covid-19, les populations doivent faire confiance aux conseils scientifiques afin de modifier leur comportement et réduire les taux de transmission.

Ensuite, il faut partager les connaissances et les données pour promouvoir la recherche collaborative. La recherche universitaire est traditionnellement publiée dans des revues accessibles uniquement moyennant paiement, ce qui limite l’accès à l’information. En réponse à la pandémie, d’éminentes revues universitaires ont abandonné les exigences d’abonnement : les derniers articles scientifiques étaient donc en accès libre. Par exemple, un partage précoce en ligne du génome du virus par des scientifiques chinois a permis aux chercheurs allemands de créer rapidement des kits de test basés sur la PCR. Ces tests ont ensuite été mis à disposition dans le monde entier par l’OMS. Cela a aussi permis l’identification rapide de prototypes de candidats vaccins.

Il faut aussi garantir un accès universel aux solutions. À ce propos, il faut savoir que la Coalition for Epidemic Preparedness Innovations (CEPI), lancée en 2017 sous la forme d’un partenariat entre des organisations publiques, privées, philanthropiques et de la société civile pour accélérer le développement de vaccins contre les épidémies, en est un bon exemple. Ces travaux en cours ont réduit le temps de développement prévu pour un vaccin Covid-19 à 12-18 mois, et ses subventions fournissent un financement rapide pour certains candidats prometteurs précoces. On estime qu’un investissement de $ 2 milliards sera nécessaire, les ressources étant mises à disposition de diverses sources. Et finalement, il convient d’agir avec la plus grande urgence sur les évaluations scientifiques mondiales. Les collaborations internationales entre scientifiques et experts sont un moyen puissant de porter à l’attention des décideurs politiques des preuves et un consensus scientifique pour éclairer les décisions et actions.


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