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Banques: renforcer la résilience

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Banques: renforcer la résilience | business-magazine.mu

L’entrée en vigueur de la réforme de Bâle III le 1erjuillet 2014 et la restructuration des deux principales banques du pays contribueront à consolider le secteur bancaire qui, malgré la morosité économique, affiche une bonne santé.

L'année 2014 a vu plusieurs initiatives visant un renforcement de la résilience du secteur bancaire. Car d’éventuels manquements d’une seule grande banque peuvent mettre en péril la stabilité financière de même que l’économie réelle pour de raisons de taille et d’interconnexions. 

Avec l’entrée en vigueur de la réforme de Bâle III depuis le 1er juillet de cette année, les banques sont désormais tenues de maintenir des niveaux de fonds propres plus élevés, cela dans le but de les rendre plus solides tout en renforçant la stabilité financière du pays. 

Dans la même optique, les deux principales banques du pays ont poursuivi leur restructuration. La séparation des activités bancaireset non-bancaires limitera le risque de contagion des opérations non-bancaires à l’ensemble des activités de banque, et permettra à la direction de se concentrer sur leur cœur de métier.

S’agissant de la MCB, la nouvelle structure du groupe est devenue effective le 3 avril 2014, quand les actions de MCB Group Limited ont été officiellement cotées à la Bourse de Maurice. Cette nouvelle entité, qui est désormais la société mère du groupe, a remplacé la MCB à l’issue d’un exercice de restructuration validé par les actionnaires, les instances régulatrices et la Cour suprême. MCB Group chapeaute les activités maintenant réunies en trois segments distincts : Banking, Non-Banking Financial et Other Investments.

L’ensemble des actions de la MCB ont été transférées à MCB Investment Holding Limited, holding intermédiaire détenue à 100 % par MCB Group et ayant vocation à détenir les participations bancaires du groupe à Maurice (regroupées sous MCB Li-mited), ainsi qu’à l’étranger via les filiales (Seychelles, Madagascar, Mozambique et Maldives) et la Banque Française Commerciale Océan Indien. Les deux autres clusters, soit Non-Banking Financial et Other Investments, seront désormais placés sous MCB Group Limited.

De son côté, la SBM a également procédé par étapes à sa restructuration. Les actions de la State Bank of Mauritius Ltd (devenue SBM Bank (Mauritius) Ltd) ont été transférées, par application de la loi, à la SBM Holdings Ltd (SBMH) et les actions de la SBM Holdings Ltd ont été émises aux actionnaires existants de la State Bank of Mauritius Ltd. Dans le cadre de sa restructuration, la SBM Bank (Mauritius) Ltd a transféré son excédent de capital à la SBM Holdings Ltd, après avoir tenu en compte le capital optimum requis par l’accord de Bâle III, les marges de sécurité
additionnelle sous la notation CAMEL et les exigences de la Banque de Maurice concernant les Domestic Systemically Important Banks (D-SIBS). Une partie de l’excédent de capital généré à partir des opérations des deux dernières décennies restera au sein de la SBM Holdings Ltd, et sera rendue disponible principalement pour (a) la croissance prévue des opérations d’année en année et pour permettre aux entités bancaires de financer leur stratégie d’expansion outre un éventuel déficit, (b) s’assurerque les filiales/opérations individuelles continuent à baser leur concentration de créditsur un montant optimum de capital et finalement (c) pour la diversification des sources de revenu. Le but de l’excédent de capital est de servir les objectifs mentionnés ci-dessus selon l’ordre de priorité indiqué.

Ces deux dernières années,  l’excédent de liquidités dans le circuit bancaire a provoqué une certaine distorsion du mécanisme monétaire et renforcé les craintes pour le système financier. La situation d’excédent de liquidités pourrait d’ailleurs pousser la Banque centrale à un tour de vis monétaire durant le premier trimestre 2015 et ainsi déclencher un processus de normalisation des taux d’intérêt, cela après plusieurs années de politique monétaire « ultra-accommodante » - pour reprendre les termes du gouverneur de la Banque de Maurice, Rundheersing Bheenick.

Avec l’accumulation de liquidités dans les banques, celles-ci  ont facilité l’accès au crédit pour redéployer leurs dépôts accumulés, résultat : il y a désormais une accumulation de dettes dans les ménages et les entreprises, une situation qui encourage les créances douteuses. Il convient de préciser que le crédit aux ménages a connu une croissance rapide durant ces dernières années et constitue désormais un élément clé dans le bilan financier des banques du pays. À titre d’exemple, entre mars 2009 et mars 2014, le ratio du crédit des ménages au produit intérieur brut (PIB) a augmenté de 13,9 % à 20,7 %. Même si cette tendance a baissé ces derniers mois, le pourcentage demeure élevé. Pour ce qui est du crédit bancaire au secteurprivé, il est de notoriété que certains secteurs comme la construction et l’hôtellerie suscitent l’inquiétude du régulateur. D’où l’introduction, cette année, de mesures macro-pudentielles pour éviter des dérapages au niveau du crédit.

Le financement étranger n’est pas sans danger également pour les banques opérant à Maurice. D’autant que leur cross border exposure représente près de 50 % du crédit bancaire total. Et plus de 60 % de cette exposition à l’international est canalisé vers les pays asiatiques avec une très large concentration en Inde. D’ailleurs, certaines expositions sur le marché indien notamment n’ont pas été sans conséquences pour quelques banques locales cette année. Pour preuve, le dernier Financial Stability Report souligne que la qualité des actifs des banques s’est détériorée depuis février dernier, ajoutant que « the continued rise in non-performing loans over the past quarter is a matter of concern ».