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Voie étroite

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C’est la saison des budgets. Un peu partout dans le monde et notamment en Europe, les gouvernements préparent leur loi de finances pour l’année 2013. Maurice n’échappe pas à la règle et Xavier Luc Duval, le ministre des Finances, achève la tournée des popotes qui lui aura permis de prendre la température et de jauger le moral des divers acteurs économiques du pays avant de dégager les grandes lignes directrices de son budget.

Crise de la dette oblige, les budgets de rigueur sont devenus monnaie courante dans la zone euro qu’ils soient imposés par la troïka Banque centrale Européenne- Union européenne-Fonds monétaire International comme en Grèce, en Irlande et au Portugal ou par les marchés financiers comme en Espagne et en Italie. En Grande-Bretagne, le gouvernement Cameron a imposé un tour de vis que certains considèrent comme encore plus sévère que sous l’ère Thatcher. Même son de cloche en France où le gouvernement socialiste a imposé 10 milliards d’euros d’économie et un véritable matraquage fiscal avec 15,8 milliards d’euros de hausses d’impôts. Tous ces pays ont en commun des déficits publics vertigineux et des dettes abyssales.

En France, par exemple, le déficit public atteint 4,5 % du produit intérieur brut (PIB) et la dette publique 91 %. En Europe, il s’agit donc avant tout de présenter des budgets qui vont permettre de redresser les finances publiques dans un contexte de croissance atone. D’où la purge attendue. Dans l’Hexagone, l’effort demandé est destiné à ramener dès l’an prochain le déficit public à 3 % du PIB et à alléger le niveau et la charge de la dette. Pour refinancer ses déficits, la France empruntera 170 milliards d’euros en 2013 contre 178 milliards en 2012 et la charge de la dette s’élèvera à 46,9 milliards, soit 200 millions de plus que cette année.

À Maurice, la situation est légèrement différente. La dette publique se situe sous la barre des 60 % du PIB considérée comme la cote d’alerte et le déficit budgétaire est cantonné à 3,2% de la richesse nationale. Certes, le taux de croissance a régulièrement été révisé à la baisse ces derniers mois et les dernières projections de Statistics Mauritius annoncent 3,2 % pour cette année.

À la Bank of Mauritius (BoM), on a également abaissé sa prévision de croissance de 0,50 point pour la ramener à 3,3%. Mais ces niveaux d’activité feraient le bonheur de plus d’un responsable européen. D’ailleurs, le Premier ministre, Navin Ramgoolam, a lui-même estimé que 3 % était un « niveau honorable ». Cela ne veut pas dire pour autant que la préparation du Budget 2013 va se résumer à une partie de plaisir. Le recul de la croissance laisse entrevoir une baisse des rentrées fiscales via l’impôt sur les sociétés. Ce manque à gagner pourrait toutefois être partiellement compensé par les recettes de la TVA car la consommation des ménages mauriciens devrait atteindre Rs 255 milliards cette année contre Rs 237 milliards en 2011. On ne devrait donc pas subir d’importantes coupes dans les dépenses de l’État. Et c’est une bonne nouvelle car les investissements publics sont actuellement en train d’atténuer les effets négatifs de la baisse de l’investissement privé. Pour faire face à la crise et à ses conséquences (baisse du tourisme, contraction des marchés à l’exportation…), le ministre des Finances aurait même les moyens de financer un plan de relance via l’emprunt puisque le pays reste dans les clous en matière d’endettement.

Sans parler du coup de pouce que pourrait lui apporter la BoM. Perché à 4,90 %, le taux repo de la Banque centrale reste à un niveau élevé et une détente du loyer de l’argent permettrait de soulager les entreprises les plus endettées notamment dans l’hôtellerie. Beaucoup d’acteurs économiques réclament d’ailleurs une meilleure coordination entre la politique économique et la politique monétaire. Car il existe bel et bien une marge de manoeuvre même si la voie reste étroite.

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