Bâtiment et travaux publics Stratégie agressive pour accélérer la reprise

Faire  de la construction le fer de lance de la relance économique Rs 40 milliards seront ainsi déboursées pour redynamiser ce secteur. Une enveloppe conséquente qui, précise Renganaden Padayachy, sera répartie dans divers projets d’infrastructures publiques.

DANS le détail, il a été annoncé que Rs 11,7 milliards – dont Rs 8,5 milliards provenant des excès de liquidités d’organismes parapublics – seront consacrées à la construction de drains à travers l’île. L’on note également la somme de Rs 9,4 milliards qui sera utilisée pour améliorer la distribution d’eau dans le sud de l’île. De plus, une enveloppe de Rs 8 milliards sera consacrée à l’aménagement d’urban terminals à Curepipe, Rose-Hill, Quatre-Bornes et Vacoas.

<<Là où le bât blesse, c’est qu’il y a trop souvent du retard dans l’implémentation des projets annoncés>>

Bhooshan Ramloll CEO de RBRB Construction Ltd

Autre mesure budgétivore, Metro Express et les transports publics. Pas moins de Rs 22 milliards y seront consacrées alors même que la rentabilité de celui-ci est remise en question. D’ailleurs, à une question du député mauve Adil Ameer Meea au Parlement, le 11 mai dernier, Renganaden Padayachy avait annoncé qu’un prêt d’un montant de Rs 374,8 millions serait accordé à Metro Express Ltd. Un soutien financier qui fait dire à certains observateurs que l’entreprise rencontrerait des difficultés financières. Mais pas de quoi, semble-t-il, freiner les ambitions du gouvernement, qui déboursera Rs 4,5 milliards pour la réalisation du tracé reliant Rose-Hill à Réduit en passant par Ébène.

LOGEMENTS SOCIAUX : DU «RÉCHAUFFÉ»

Autre point phare évoqué par le ministre des Finances : la construction de 12 000 logements sociaux au coût de Rs 12 milliards. Aussi ambitieuse soit-elle, cette mesure figurait déjà parmi les mesures énoncées lors du Budget 2020-2021 (Voir hors-texte plus loin). Un «plat réchauffé» donc, aux dires de certains professionnels de la construction, qui espèrent toutefois que ces projets démarreront dans un «très proche» avenir. Bhooshan Ramloll, CEO de RBRB Construction Ltd, constate pour sa part que «ce budget est balancé et qu’il va dans le bon sens». Ce qui ne l’empêche pas de nuancer ces propos : «Là où le bât blesse, c’est qu’il y a trop souvent du retard dans l’implémentation des projets annoncés». D’où le souhait du chef d’entreprise d’une ‘implementation team’ pour s’assurer que les projets sont mis en chantier au plus vite.

Renganaden Padayachy a, par ailleurs, offert à tous ceux qui l’écoutaient vendredi une balade à travers l’île. De Wooton à Terre-Rouge en passant par Beau-Champ, Anse-Jonchée, Palmerstone, Dubreuil, Surinam, Amaury, Tranquebar, Amitié ou encore Goodlands, le Grand argentier a énuméré une liste interminable de micro-projets. Des annonces qui, si elles ont fait sourciller les observateurs politiques et économiques, ont été vues d’un bon œil par les acteurs de la construction, qui estiment avoir du travail pour plusieurs années.

IMMOBILIER : L’ACCÈS À LA PROPRIÉTÉ FACILITÉ

Ceux visés sont notamment la classe moyenne et les familles à faibles revenus, deux catégories sociales frappées de plein fouet par la crise sanitaire et économique prévalant. Pour encourager l’accès à la propriété, Renganaden Padayachy a ainsi annoncé une série de mesures pour leur donner un coup de pouce à l’heure où construire coûte de plus en plus cher. Pour preuve, les derniers chiffres publiés par Statistics Mauritius qui indiquent une hausse des prix des matériaux de construction. Le prix du ciment accuse ainsi une hausse de 0,2 %), les barres de fer (+7,7 %), les sanitaires (+1 %), les équipements électriques (+1 %) et la main-d’œuvre (+1,7 %).

Afin de donner le change, le Grand argentier octroie une enveloppe de Rs 2 milliards aux fins de mesures incitatives visant à encourager l’achat de terrains et de biens résidentiels. De plus, ceux qui prévoient de se lancer dans la construction d’une maison pourront bénéficier d’un remboursement de 5 % du prix de construction jusqu’à Rs 500 000, mais également de 5 % du prêt contracté jusqu’à Rs 500 000. Au total, Rs 1 milliard sera consacré à ce programme.

DROITS D’ENREGISTREMENT EXONÉRÉS

Autre annonce qui a marqué les esprits : l’exonération des droits d’enregistrement – sur les premières Rs 5 millions et non limité aux propriétés inférieures à Rs 5 millions – pour les primo-accédants.

Par ailleurs, comme obtenir un crédit immobilier quand on travaille à son compte relève souvent du parcours du combattant, l’État a souhaité y remédier. Résultat : l’entrepreneur pourra obtenir un prêt bancaire à hauteur de 80 % du prix de construction contre l’hypothèque de sa maison. Ajouté au remboursement de 5 % du prix de construction et du prêt contracté jusqu’à Rs 500 000, nombreux seront ceux qui pourront enfin concrétiser le projet de toute une vie.

Du côté des professionnels de l’immobilier, ces différentes mesures ont été favorablement accueillies. «Les différentes aides accordées, notamment l’exonération des frais d’enregistrement ainsi que le remboursement de 5 % du coût de la construction d’une maison apparaît pour beaucoup comme une double aubaine», souligne Antish Seebarrun, directeur de Red Square Properties. Des économies qui permettront aux nouveaux propriétaires de payer les frais de notaire ou d’agence. Une opinion partagée par Ashiq Boyjoo, directeur de Pinewood Properties, qui estime que ces mesures devraient permettre au marché immobilier de reprendre des couleurs et ainsi participer à la relance économique.

La décision du gouvernement de mettre en vente quelque 2 000 parcelles de terrains résidentiels, à travers la State Investment Corporation et Rose-Belle Sugar Estate, est aussi saluée par les professionnels de l’immobilier, qui voient là l’occasion pour la classe moyenne d’acquérir des terrains à un prix abordable. «La demande dans le sud de l’île n’a cessé d’augmenter ces dernières années car le prix de la toise y est encore très abordable. Sans compter les récents développements fonciers qui rendent cette région encore plus attrayante», fait ressortir Antish Seebarrun.

 Logements sociaux La controverse

Le projet de construction de 12 000 logements sociaux s’était retrouvé au centre d’une polémique en avril dernier. Ce, après que ledit projet avait été retiré à la National Housing Development Company pour être confié à une nouvelle entité, la New Social Living Development Ltd. Une situation qui avait contribué à la démission du CEO d’alors, Gilles L’Entêté.