Tourisme – Une réouverture des frontières sous haute surveillance

Après plus de six mois d’isolement, une nouvelle étape est amorcée ce jeudi avec la réouverture des frontières. Dans un premier temps, le pays accueillera surtout les Mauriciens bloqués à l’étranger, les résidents non mauriciens, ainsi que les touristes qui viendront passer un long séjour sur le territoire. À lundi, plus d’un millier de voyageurs avaient réservé leur séjour dans l’un des 15 hôtels agréés par le ministère de la Santé via la plateforme de réservation de l’Office du Tourisme.

Seules Air Mauritius et Emirates seront habilitées à desservir la destination mauricienne à partir du 1^er octobre. Des vols réguliers rallieront l’aéroport SSR. Pour Emirates, les premiers vols commerciaux reprendront le 3 octobre, après plus de six mois d’interruption. À raison d’une fois par semaine, les vols de Dubaï vers Maurice se feront notamment le samedi. La réinitialisation de ses vols sur Maurice se fait en soutien des efforts de rapatriement du gouvernement pour ramener ses citoyens et permettant la reprise de l’industrie touristique en reliant, en toute sécurité, les voyageurs d’Europe, d’Extrême-Orient et du Moyen-

Orient à la destination.

C’est à bord du vol EK 704 que les passagers d’Emirates munis d’un billet d’avion valide et de leurs tests PCR quitteront Maurice à 18 h 15 dans l’optique d’arriver à Dubaï à 00 h 50. Le vol retour d’Emirates sur l’EK 703, en provenance de l’aéroport international de Dubaï prendra son envol à 9 h 10 pour atterrir à Maurice à 15 h 45. Pendant tout le mois d’octobre, le ciel mauricien ne sera d’ailleurs traversé que par les transporteurs des deux compagnies aériennes pour les vols commerciaux et de rapatriement.

«En vertu de la notification servie aux aviateurs, qui est encore en vigueur jusqu’au 31 octobre prochain, Kenya Airways, Air Seychelles et Air France ont annulé tous leurs vols jusqu’à cette date. South African Airways a, pour sa part, également annoncé qu’elle suspend toutes ses opérations internationales, domestiques et régionales jusqu’au 31 octobre 2020», fait-on ressortir à Rogers Aviation, représentant local de ces lignes aériennes.

D’ailleurs la plateforme de réservation en ligne, récemment lancée par l’Office du Tourisme pour faciliter la réservation en centres de quarantaine des passagers, ne sera opérationnelle que pour le mois d’octobre.

L’espoir renaît

Selon Jocelyn Kwok, CEO de l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice (Ahrim), tout est fin prêt en vue de la réouverture des frontières. «À ce lundi matin, je comprends qu’il y a plus d’un millier de personnes qui ont réservé. Les taux de remplissage des hôtels concernés sont variables. Pour certains, les hôteliers en question seront appelés à faire l’effort d’ouvrir leurs établissements et de rouler à perte dans un premier temps, avec moins de 25 % de taux d’occupation. On espère une amélioration des chiffres au fur et à mesure que les vols se confirment», soutient-il.

Les hôtels qui se sont convertis en centres de quarantaine, indique Jocelyn Kwok, ont répondu à une invitation à ma-

nifestation d’intérêt émise par les autorités. Ils ont été retenus comme des établissements capables d’agir en tant que centres de quarantaine pour la phase démarrant le 1^er octobre. «Les hôtels qui font le choix de fournir ces prestations s’excluent de toute activité sur le marché des Mauriciens et résidents. Les tarifs pour les établissements de 3 et 4 étoiles sont fixés par les autorités et englobent l’ensemble des prestations à fournir. La quarantaine impose un confinement dans les chambres et les voyageurs qui optent pour cette formule obligatoire sont mis au courant de ces détails», fait-il ressortir.

Au niveau de Sun Resorts, l’on a déjà tout mis en place pour accueillir les touristes. Les hôtels Ambre et Sugar Beach ont été convertis en centres de quarantaine. Le Quality Assu-

rance Manager, Saleem Khadaroo, explique que le voyageur sera accompagné par le personnel du ministère de la Santé dès son arrivée au pays. «L’enregistrement se fait en ligne, limitant ainsi tout contact direct avec le personnel. En chambre, nous leur donnons un kit avec toutes les informations nécessaires pendant leur quarantaine. La communication se fera principalement par téléphone et les repas sont déposés sur le balcon devant la porte», indique-t-il.

De plus, le personnel de service sera sur place pendant toute la durée de la quarantaine et effectuera à l’issue de cette période un test PCR. «Nous travaillons de concert avec les membres du ministère de la Santé qui sont également postés sur place», détaille-t-il. Et de préciser que la chaîne hôtelière a développé un label interne, baptisé SunCare. En vertu de ce protocole sanitaire, toutes les chambres sont désinfectées au départ des clients.

Pour sa part, Begum Jaulim, Travel Agency Manager de BlueSky, précise que parmi ceux ayant fait leurs réservations, plus de 50 % sont des Mauriciens. «Nous avons assisté pas mal de clients

avec leurs réservations sur les vols de rapatriement. Nous avons également réservé des tickets pour des clients souhaitant retourner à Maurice à partir d’octobre aussi bien que les réservations dans les hôtels convertis en centres de quarantaine», indique-t-elle.

En sa capacité d’agence de voyages de premier plan, Blue-Sky a ajusté ses opérations pour qu’elles soient en ligne avec les besoins des clients. «Nous sommes constamment en contact avec les compagnies aériennes notamment pour trouver des moyens d’aider nos clients. En fonction de la politique de la compagnie aérienne, nous sommes en mesure d’accorder une prolongation de validité des billets pour les passagers qui n’ont pas pu voyager en raison de la fermeture des frontières ou du confinement», souligne-t-elle.

De son côté, Bruno Lebreux, Managing Director de Concorde, salue la réouverture partielle des frontières. Mais il nous faudra manœuvrer avec prudence. Selon lui, le succès de cette initiative «déterminera notre capa-

cité à relancer pleinement le secteur touristique».

Comme quoi, la plus grande prudence est de mise. S’il est impératif de remettre sur les rails une industrie qui représente directement et indirectement environ 24 % du PIB et emploie quelque 130 000 personnes, il n’empêche que coûte que coûte, nous devons éviter une seconde vague de la pandémie.

Les tarifs restent raisonnables  selon l’AHRIM

D’une durée de 14 jours, les tarifs pour la période de quarantaine en milieu hôtelier varient entre

Rs 35 000 et Rs 50 000 pour une chambre simple en 3 ou 4 étoiles. Une annonce qui a eu l’effet d’une douche froide pour certains Mauriciens sur le retour qui souhaitaient une mise en quatorzaine à l’hôtel. Mais, estime Jocelyn Kwok, ces tarifs ne sont pas élevés.

«Le tarif par personne diminue pour les chambres doubles ou famille. Ces tarifs restent raisonnables par rapport à l’hôtelier qui donne ce service de quarantaine. Certaines personnes font la comparaison avec le prix d’un séjour hôtelier proprement dit au tarif mauricien / résident. Cette compa-

raison n’est pas très juste, et cela pour plusieurs raisons. D’abord, le service de quarantaine lui-même est assorti de surcoûts pour l’hôtelier : respect des protocoles sanitaires rehaussés, donc équipements et consommables supplémentaires, ainsi que des coûts supplémentaires de nettoyage et de désinfection des chambres. Il y a ensuite le coût d’hébergement du personnel hôtelier qui doit se confiner, pour ceux qui sont en contact avec les voyageurs en quarantaine. Enfin, il y a le fait que l’hôtelier qui opte pour ce service de quarantaine abandonne le marché des Mauriciens et résidents et prend de plus le risque dans un premier temps d’une occupation qui reste en dessous de son seuil de rentabilité. Les tarifs en 5 étoiles sont libéralisés et là, il y a effectivement des prix plus élevés pour une demande qui existe même si elle reste modeste», étaye-t-il.

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