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Les financements de projets se font de plus en plus par les investisseurs institutionnels

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Paul Perrier (CEO, FUNDKISS)

Paul Perrier, CEO de Fundkiss, souhaite qu’au cours des cinq prochaines années une ou plusieurs plateformes locales émergent comme étant des champions régionaux sur le financement participatif. Selon lui, nous avons tous les éléments pour y parvenir : un cadre régulateur proactif, l’accès au financement institutionnel, les compétences locales, un écosystème Fintech qui se développe rapidement et qui ouvre la voie à des collaborations futures.

Les plateformes de crowdfunding se multiplient, à croire que tout le monde peut en créer une. Qu’en est-il exactement ?

C’est très positif de voir le financement participatif continuer à se développer. La demande est là. Nous avons aujourd’hui sur l’île quatre opérateurs. Sur la partie donation, il y a Small Step Matters et Crowdfund.mu. Sur l’Equity, nous avons Olive Crowd. Et finalement pour le prêt, Fundkiss.

Si la technologie derrière une plateforme de financement participatif est facilement accessible en marque blanche, par contre tout le monde ne peut pas lancer une plateforme du jour au lendemain. Surtout en ce qu’il s’agit des plateformes d’equity et de prêts. Chez Fundkiss, il nous a fallu aller chercher les agréments nécessaires auprès des autorités pour pouvoir opérer : une Regulatory Sandbox License délivrée par le National Sandbox License Committee lors de notre lancement en 2019 et une Peerto-Peer Lending license émise par la FSC en avril.

Et la régulation continue d’évoluer. Par exemple, la FSC a sorti un Consultation Paper en octobre 2020 afin d’élaborer un cadre réglementaire sur le financement participatif sous forme d’Equity.

 

Quel est, selon vous, le principal défi aujourd’hui pour ces types de plateformes à Maurice ?

Je pense qu’il y a quatre défis auxquels les différentes plateformes aujourd’hui doivent répondre. Le premier est celui de la régulation. Le financement participatif est une activité récente à Maurice qui doit être encadrée afin de protéger toutes les parties prenantes et de maintenir la confiance envers les opérateurs. Cependant, la régulation doit aussi être suffisamment flexible afin de permettre aux plateformes de trouver leur business model et de se développer rapidement. Cet équilibre ne s’obtient qu’à travers un dialogue continu entre opérateurs et différents régulateurs.

Le deuxième est celui de la communication. Il y a encore un énorme travail de sensibilisation et de pédagogie à effectuer autour du financement participatif et de ses différents modèles. Il existe encore une grande confusion ; c’est pour cela que chez Fundkiss, nous souhaitons prendre la parole le plus souvent possible. Nous avons, par exemple, organisé au début du mois un webinaire sur ce sujet à l’attention des journalistes de la presse économique, en collaboration avec le Media Trust et la Mauritius Africa Fintech Hub.

Le troisième défi, c’est l’internationalisation. La profondeur du marché est un élément important à prendre en compte pour la viabilité à long terme des différentes plateformes. Les pays de la région peuvent être des relais de croissance pour les plateformes locales. Le quatrième est la collaboration. Collaboration entre les plateformes sur l’échange d’informations et de bonnes pratiques. Et surtout, la collaboration avec les institutions financières traditionnelles pour le financement de projets, par exemple.

Selon vous, quel sera le prochain grand domaine dans lequel le financement participatif va prendre une place prépondérante ?

Si l’on regarde aux États-Unis, en Europe ou en Asie du Sud-Est, qui ont dix ans d’avance sur nous, on observe que le financement participatif sous forme de prêt domine largement. On voit aussi une très grande spécialisation des plateformes de prêts : prêts aux entreprises, prêts entre particuliers, prêts immobiliers, financement des énergies renouvelables. Donc, je pense que nous verrons émerger la même tendance à Maurice, avec des plateformes spécialisées. Ce que l’on voit aussi, c’est que les financements de projets se font de plus en plus par les investisseurs institutionnels, qu’ils soient privés ou publics. Cette convergence est nécessaire afin de permettre un financement rapide des projets mais aussi de permettre aux plateformes de se développer plus rapidement.

 

FUNDKISSFUNDKISS Financement de près de 150 projets pour un total de Rs 75 millions depuis 2019

PLUSIEURS facteurs différencient Fundkiss des autres plateformes locales, qui sont essentiellement des plateformes de dons. Fundkiss est tout d’abord une plateforme de prêts aux entreprises. Elle permet aux PME et aux sole traders établis et ayant un minimum de deux ans d’opération d’emprunter directement auprès d’investisseurs individuels et institutionnels. Les prêts sur Fundkiss sont sans garantie ni cautions personnelles. Fundkiss est aussi membres de Mauritius Africa Fintech Hub et de l’African Crowdfunding Association.

«Nous analysons la capacité de remboursement de l’entreprise. Nous permettons aux entreprises mauriciennes de se financer différemment, tout en offrant aux investisseurs l’accès à une nouvelle classe d’actifs, le prêt aux entreprises. Fundkiss est aussi régulée ; nous opérons sous une License Peer-to-Peer Lending délivrée par la Financial Services Commission. Cela permet que notre activité soit bien encadrée, et permet aussi la mise en place d’une incitation fiscale pour les investisseurs. En effet, les intérêts reçus par les investisseurs sur les prêts sont taxés à 3 %», explique Paul Perrier, CEO de Fundkiss.

Depuis son lancement en 2019, Fundkiss a financé près de 150 projets, pour un montant de Rs 75 millions. La plateforme compte plus de 2 500 investisseurs enregistrés, dont 500 qui prêtent régulièrement sur les différents projets mis en ligne. Ce qui fait d’elle une solution de financement 100 % digitale qui a pour mission de simplifier et de démocratiser l’accès au financement pour les PME mauriciennes. Fundkiss finance tous types de projets, allant de Rs 50 000 jusqu’à Rs 5 millions. Pour être éligible, il faut que l’entreprise soit opérationnelle depuis au moins deux ans et dispose d’une capacité de remboursement suffisante. Au cours des derniers mois, la plateforme a enregistré une forte demande pour les financements de fonds de roulement à court terme, allant de 6 à 18 mois. Selon Paul Perrier, le fait que des entreprises de toutes tailles viennent se financer rapidement et simplement à travers Fundkiss, l’ouverture prochaine des frontières et la relance de l’activité économique qui va suivre accéléreront cette demande.

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