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Secteur sucrier – La Banque mondiale finalise les axes de la réforme

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Secteur sucrier  - La Banque mondiale finalise les axes de la réforme | business-magazine.mu

Dans le sillage de la fin du Protocole sucre, le secteur sucrier initiait

sa première réforme au début des années 2000 afin d’amorcer sa transition vers une industrie cannière. L’un des axes principaux de cette réforme était le paiement du Voluntary Retirement Scheme aux employés de l’industrie.  

 Aujourd’hui, le secteur cannier se voit contraint de se réinventer pour garantir sa viabilité. Chargée par le gouvernement mauricien de piloter cette nouvelle génération de réforme, la Banque mondiale devait initialement divulguer son étude de faisa-

bilité en début d’année, mais la pandémie de Covid-19 a retardé le calendrier. C’est d’ailleurs par visioconférence que les consultations avec les acteurs du secteur se sont tenues suivant la circulation des résultats préliminaires le mois dernier.  

Depuis octobre 2017, l’abo-

lition des quotas de production des betteraviers en Europe a été levée, lâchant ainsi la dernière maille du filet de protection auquel le sucre mauricien était rattaché, après une quarantaine d’années de prix garantis (et supérieur au marché internatio-

nal), de quota prédéfini, et de dérogation aux taxes douanières vers le marché européen. Sans ces accords commerciaux, fruits du Protocole sucre, lui-même calqué sur les Conventions de Lomé, Maurice se retrouve à jouer à parts égales avec les mastodontes de l’industrie sucrière internationale. Non sans conséquences. 

«Depuis juillet 2017, la Chambre d’Agriculture et ses membres tirent la sonnette d’alarme sur la précarité du secteur cannier avec la chute des prix du sucre sur les marchés mondial et européen, cela avec une répercussion directe sur les prix paya-bles aux producteurs à Maurice. L’augmentation des coûts de production et la baisse des revenus des producteurs constituent une équation insoutenable. Et chaque saison de coupe qui passe sans réforme rend la situation de plus en plus difficile pour tous. Toute réforme importante est difficile à faire. Lors des grandes transitions qui ont jalonné l’industrie sucrière mauricienne, des recommandations ont été proposées, mais malheureusement pas toutes n’ont été appliquées», rappelle Sailesh Chunen, le président de la Chambre d’Agriculture.

Sans cette réforme jugée nécessaire et pressante, les opérateurs ont l’impression de naviguer à vue. Ce qui pousse les petits opérateurs comme les grosses structures à abandonner l’aventure. Le groupe Alteo a d’ailleurs annoncé en juin dernier l’arrêt de ses activités de raffinage de sucre.

«Cela fait plusieurs années déjà que l’industrie cannière est en crise et chaque retard met un peu plus en péril la survie de ses acteurs, même si à court terme, ce sont surtout ceux qui n’ont pas reçu la subvention de l’état de Rs 25 000 la tonne de sucre qui sont menacés. Des mesures concrètes et urgentes sont essentielles et celles-ci doivent s’inscrire dans la durée et concerner toutes les parties prenantes de l’industrie, du petit planteur au ‘corporate planter’, en passant par les ‘millers’ afin de permettre à tous d’envisager sereinement l’avenir. Déjà, de nombreux acteurs ont du mal à se projeter dans une industrie subventionnée et sans visibilité. De ce fait, certains planteurs n’investissent pas dans la replantation et l’entretien de leurs champs et les ‘millers’ n’ont, eux, pas les moyens de moderniser leurs usines. Certains planteurs abandonnent tout simplement la canne, par manque de revenus ou de main-d’œuvre, ce qui mène, année après année, à une diminution de la superficie sous canne et du tonnage de sucre produit. Cela fait longtemps que des décisions courageuses auraient dû avoir été prises pour notre industrie et chaque nouveau retard hypothèque un peu plus son avenir», argue André Bonieux, CEO d’Alteo. S’il ne représente plus qu’environ 1 % du PIB, le secteur sucrier a des ramifications plus étendues sur les plans aussi bien socioéconomique qu’écologique. Ce qui explique qu’il faut lui donner l’agilité économique d’un acteur commercial intégré dans l’économie nationale. Surtout que les co-produits de la production sucrière sont les principaux contributeurs au bouquet énergétique du pays. 

De son côté, Nicolas Maigrot, CEO de Terra, estime qu’il est de plus en plus nécessaire d’aboutir à une proposition sur un Biomass framework dans lequel la bagasse ainsi que la paille de canne seraient revalorisées. «Cela permettra de donner une meilleure visibilité au niveau de l’industrie et ainsi faciliter les plans d’investissement dans les secteurs agricole et sucrier.

Parmi les mesures nécessaires pour soutenir le redéveloppement du secteur, il est important que le montant relatif au prix de la bagasse dû aux autres catégories de planteurs soit réglé pour permettre aux principaux acteurs de l’industrie de souffler», recommande Nicolas Maigrot, qui se félicite, par ailleurs, du ton consensuel lors des échanges avec la Banque mondiale.

«De ces premiers échanges, un consensus émerge avec le gouvernement et les différents opérateurs sur le fait que la bagasse n’est pas rémunérée à sa juste valeur aujourd’hui. Ainsi, une juste valorisation doit être décidée pour garantir la pérennité de ce secteur qui est essentiel pour l’économie mauricienne», soutient-il.

Il est rejoint par André Bo-

nieux,qui souhaite que les propositions des opérateurs fournis aux techniciens du service de conseil soient retenues. «Comme d’autres acteurs de l’industrie, nous avons participé à l’exercice de consultation et, comme d’autres, nous avons donné notre point de vue sur les premières analyses partagées par les techniciens de la Banque mondiale. Nous espérons que nos propositions ont été entendues et attendons avec impatience les conclusions de leur rapport. Nous espérons surtout que ce rapport sera considéré à sa juste valeur et, s’il est viable pour toute l’industrie, que ses recommandations soient appliquées le plus rapidement possible car le temps presse», ajoute-t-il.

Si à Maurice, le sucre est le résultat de nombreuses années d’évolution et représente des problématiques très spécifiques pour ne pas dire particulières, le secteur énergétique n’est, par contre, qu’à ses débuts.


Nicolas

Recrudescence des cas d’incendies criminels  

Depuis que la campagne sucrière 2019-2020 a commencé en juin dernier, l’estimation des rendements attendus ne cesse de baisser. Les membres du Crop Estimate Coordinating Committee (CECC) doivent d’ailleurs se rencontrer incessamment pour analyser les chiffres soumis, indique Sailesh Chunen, le président de la Chambre d’Agriculture.  

Chez Alteo, une baisse du rendement est attendue. «Nous prévoyons une baisse de rendement de 14 % pour la coupe par rapport à nos prévisions initiales, même si ces estimations sont mitigées par une richesse supérieure. Ainsi, nous nous attendons désormais à une production de sucre inférieure à celle initialement prévue», estime André Bonieux. 

En cause : une flambée de feux criminels dans les champs de canne. «De plus, les propriétés ont remarqué une recrudescence des feux criminels dans les champs, surtout dans le Nord. Il est important de comprendre que tous ces feux «non programmés» chamboulent le programme des usines et impactent la performance moyenne des champs et celle de l’extraction nationale de tous les producteurs. Cela n’est bon ni pour les producteurs, ni pour le pays», indique Sailesh Chunen, également Manager au sein de la Compagnie Sucrière de Saint Antoine. 

De son côté, Nicolas Maigrot, le CEO de Terra, indique que depuis le début de la coupe, ce sont plus de 500 hectares de champs de canne dans le Nord qui ont été brûlées et qui ont nécessité une réorientation de la coupe pour limiter les pertes occasionnées.


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