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Secteur des Biotechnologies : Développer un nouveau pilier à l’horizon 2028

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SECTEUR DES BIOTECHNOLOGIES

Le Gouvernement a signifié son intention de se lancer dans la manufacture de vaccins et de produits pharmaceutiques. Cette nouvelle industrie a toutes ses chances de succès, à condition qu’on s’en donne les moyens.

Le Ministre des Finances a annoncé, lors de la présentation du Budget, la création d’une nouvelle industrie manufacturière, celle de la production de vaccins et de produits pharmaceutiques. D’ailleurs, Renganaden Padayachy a encouragé les entreprises privées à bâtir des usines spécialement conçues pour la fabrication de produits pharmaceutiques et de dispositifs médicaux, ainsi que pour les essais cliniques et précliniques.

Une mesure qui est très bien accueillie jusqu’ici car les opérateurs croient au potentiel de Maurice en la matière. Claire Blazy-Jauzac, CEO du Centre International de Développement Pharmaceutique (CIDP), estime que les mesures annoncées dans le Budget 2021-22 pour inciter les investissements dans la recherche et la production de médicaments ou de vaccins ne peuvent qu’être positives pour le pays. «Maurice possède les attributs nécessaires, tels la stabilité économique et politique, les infrastructures et les compétences, pour devenir un centre régional de Pharmatech et se positionner comme la passerelle vers l’Afrique», soutient-elle. Selon elle, avec le secteur touristique qui est reconnu internationalement, Maurice doit se forger une réputation solide et créer un écosystème favorable pour devenir un véritable hub médical et se positionner sur toute la chaîne de valeur (recherche, soins de santé et fabrication de médicaments).

CLAIRE BLAZY-JAUZAC
(CEO DE CIDP)

DESHMUK KOWLESSUR
(EXECUTIVE DIRECTOR
DE LA COMPETITION
COMMISSION)

«À travers la présence de CIDP sur plusieurs congrès internationaux et la prise de parole de nos scientifiques, Maurice commence à émerger sur la carte mondiale de la recherche. Notre direction, composée de plusieurs scientifiques Mauriciens, a publié cette année plusieurs papiers dans des revues majeures», indique Claire BlazyJauzac. Elle rappelle, par ailleurs, que le CIDP a, depuis sa création en 2004, toujours travaillé en collaboration avec le gouvernement et les instances gouvernementales, dont le ministère de la Santé et l’Economic Development Board (EDB) pour accélérer le développement du secteur pharmaceutique. «Nous avons été les pionniers dans ce secteur à Maurice et nous avons incité le gouvernement à instaurer un cadre légal, le Clinical Trial Act, qui a été promulgué en 2011. Il est primordial pour les activités de fabrication de médicaments ou pour les activités de recherche que le gouvernement, à travers le ministère de la Santé et du Bien-être, soit partie prenante et régule à travers des inspections les sites de fabrication et les centres de recherche», maintient-elle.

De son côté, Deshmuk Kowlessur, Executive Director de la Competition Commission, commente positivement la création d’un environnement propice à l’investissement, qui est l’une des priorités du gouvernement : «L’investissement est la clé de la création d’emplois et de la croissance économique. À cet égard, le gouvernement a mis en place plusieurs mesures visant à réduire les obstacles administratifs et à fournir des incitations à l’investissement. Toutes les mesures qui facilitent l’investissement et l’entrée de nouvelles entreprises ne peuvent que favoriser la concurrence au profit des consommateurs et de l’économie en général», dit-il. De plus, il estime que la fabrication de produits, tels que les vaccins, sera également bénéfique aux patients locaux.

Si le Budget prévoit un capital d’amorçage de Rs 1 milliard dans le domaine de la biotechnologie pour la fabrication de vaccins et d’autres produits pharmaceutiques, ainsi qu’une série d’incitations fiscales sous forme de crédits d’impôt et d’exonérations fiscales, une question se pose : Maurice a-t-il les ressources nécessaires pour se lancer dans cette nouvelle industrie ? Oui, selon Claire BlazyJauzac. Celle-ci attire l’attention sur le fait qu’il y a de nombreux Mauriciens qualifiés qui travaillent aujourd’hui dans le secteur de la recherche à l’étranger. La plupart choisissent de poursuivre leur carrière à l’étranger en raison du manque d’opportunités à Maurice. Mais elle note un regain d’intérêt pour retourner et servir le pays maintenant que le secteur de la recherche a pris de l’ampleur et que certaines entreprises internationalement reconnues y sont implantées. Les mesures incitatives introduites par le gouvernement pour la diaspora mauricienne y sont également pour quelque chose.

«Nous espérons aussi que des centres de recherche se développeront au sein des structures hospitalières publiques, où les patients pourront, s’ils le souhaitent, être orientés vers des essais cliniques, afin qu’ils aient accès aux nouveaux traitements. Nous aimerions renforcer notre relation de travail avec le secteur public afin que la population mauricienne puisse bénéficier de ces nouveaux traitements», souhaite la CEO du CIDP. Quant au cadre juridique pour attirer davantage de sociétés de recherche à Maurice, il est en constante évolution. Le texte de loi sur les essais cliniques, le Clinical Test Act, a été promulgué en 2011. Le Clinical Research Regulatory Council (CRRC) est l’autorité qui évalue les projets de recherche et donne les permis nécessaires avant tout démarrage d’essais pharmaceutiques par les CRO (Contract Research Organizations), comme le CIDP. Nos interlocuteurs s’accordent à dire qu’il faudrait apporter des changements pour améliorer la qualité et le niveau de service, et créer un écosystème d’autant plus favorable.

INVESTISSEMENTS CONSÉQUENTS

De son côté, Deshmuk Kowlessur fait bien la distinction entre la phase de recherche et développement, où la question des essais cliniques est pertinente et celle de la fabrication du produit. Il souligne que le centre de recherche et de développement et l’usine de fabrication ne doivent pas nécessairement être situées dans le même pays ou ces activités être réalisées par la même société. «La société qui fabrique le produit doit avoir l’autorisation du propriétaire du produit, disposer des droits de propriété intellectuelle pertinents (en particulier les droits de brevet) du propriétaire, soit l’entreprise qui a développé le produit et obtenu les autorisations de mise sur le marché. De toute évidence, un cadre réglementaire approprié permettant à la fois la R&D et la fabrication est le bienvenu. Néanmoins, il est important de souligner que la R&D nécessite de gros investissements qui sont principalement réalisés par des multinationales pharmaceutiques», fait-il remarquer. Avant de se lancer pleinement dans une unité de fabrication de vaccins contre la Covid-19, il s’agira de s’assurer que l’infrastructure réglementaire et juridique est bien rodé. Il reviendra aux autorités d’agir avec célérité pour créer le bon environnement commercial en vue d’attirer l’investissement dans le domaine des biotechnologies. D’ores et déjà, une multinationale africaine est décidée à investir 300 millions d’euros dans ce projet. Les choses semblent se mettre en place. Il s’agira avant tout de s’en donner les moyens !

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