Marché des valeurs : La bourse de Maurice entre dans un cycle vertueux

En l’espace d’une semaine, le SEMDEX a progressé d’environ 5%. Une performance en grande partie attribuée aux mesures budgétaires, mais aussi à la cession des actifs d’Omnicane dans le projet de Mon Trésor Smart City.

La Bourse de Maurice est dans un cycle vertueux. Depuis la mi-mars, le SEMDEX, le principal indice boursier, a gagné 18,2 %. Alors que depuis la présentation du Budget, le vendredi 11 juin, il a réalisé une performance de 5 %. Ce qui est signe d’un regain de confiance des investisseurs et de la communauté des affaires en général.

IMRITH RAMTOHUL
(SENIOR INVESTMENT
CONSULTANT
À AON SOLUTIONS)

Selon Imrith Ramtohul, Senior Investment Consultant chez Aon Solutions, il est clair que la forte reprise de la Bourse de Maurice pendant la semaine écoulée est en partie liée au Budget, notamment l’annonce portant sur la réouverture des frontières. «Rappelons que le gouvernement prévoit une croissance du PIB de 9 % pour l’année fiscale 2021- 2022. Il y a aussi la réouverture prochaine des frontières mauriciennes. D’autres mesures annoncées donnent un élan à la construction et au secteur sucrier», observe-t-il, avant d’indiquer que cette tendance haussière devrait se poursuivre lors des prochaines semaines. «Dans les semaines à venir, il faut s’attendre à une chasse aux bonnes affaires de la part des investisseurs en quête de valeurs à long terme. Ces investisseurs devraient faire des placements dans des sociétés dont le cours des actions a fortement baissé depuis l’éclatement de la pandémie, l’année dernière. Ils pourraient voir de la valeur dans plusieurs sociétés cotées en Bourse, notamment en raison de la réouverture des frontières et des progrès réalisés au niveau de la vaccination», analyse-t-il.

Selon un autre observateur de la Bourse, les grands gagnants de ce Budget ont été incontestablement les opérateurs du secteur sucrier et les hôtels. «Les acteurs de ces secteurs attendaient que le gouvernement leur apporte plus de clarifications concernant leur avenir», note-t-il.

Il poursuit son analyse en indiquant que pour le sucre, il a été question pendant longtemps de la revalorisation de la bagasse qui, à l’époque, n’était pas valorisée par le Central Electricity Board (CEB) comme un élément important de la chaîne de valeur énergétique. «Avec l’approbation du Biomass framework, les opérateurs de ce secteur peuvent maintenant vendre leur bagasse à un meilleur prix au CEB, ce qui aura un impact positif sur leurs revenus. Cette mesure est la bienvenue pour les acteurs de ce secteur qui, depuis la fin des accords préférentiels avec l’Europe, peinent à retrouver des niveaux de profitabilité semblables à 2017. Nous notons aussi que le gouvernement a annoncé l’entame de sa transition énergétique, qui verra l’arrêt complet de l’utilisation du charbon pour la production d’électricité en faveur de sucres ayant un impact moindre sur l’environnement. À cet égard, le gouvernement a mis en place plusieurs facilités pour la construction de fermes solaires, entre autres. Ces projets faisant déjà partie du plan stratégique de certaines entreprises sucrières. Celles-ci bénéficieront de l’aide de l’État pour réaliser leurs projets. En sus, elles obtiendront un avantage compétitif dans le domaine face à de potentiels nouveaux entrants dans le secteur», observe-t-il.

HÔTELLERIE : PLUS DE CLARTÉ

Concernant le secteur touristique, il est d’avis que l’annonce portant sur la réouverture des frontières a été accueillie favorablement par les acteurs de ces secteurs, qui depuis plus d’un an, opèrent grâce aux aides de l’État. «Il était vital pour les groupes hôteliers d’avoir une date précise concernant cette ouverture, ce qui permet l’entame des campagnes de marketing. Le gouvernement et les acteurs de ce secteur semblent s’attendre à des arrivées touristiques de l’ordre de 650 000, voire plus. D’où leur enthousiasme. Une première étape importante a été achevée dans ce processus d’ouverture des frontières ; il reste à voir maintenant si l’appétit des touristes pour la destination Maurice est toujours présent», souligne-t-il.

Mais la performance du SEMDEX est aussi soutenue par d’autres événements qui ne sont pas directement liés au Budget, comme la restructuration d’Omnicane. «Il y a eu des annonces qui n’étaient pas directement liées au Budget cette semaine. Par exemple, on relève celle d’Omnicane qu’elle vendait toutes ses actions détenues dans Mon Trésor Smart City (sa filiale à 100 %), ainsi que des parcelles de terrain situées dans les régions de Britannia et de Mon Trésor pour Rs 4,5 milliards», fait ressortir Imrith Ramtohul. Sur une bonne dynamique, la performance du SEMDEX pourrait encore s’améliorer dans des semaines à venir.