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Macroéconomie : le spectre de la stagflation se dessine

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Macroéconomie : le spectre de  la stagflation  se dessine | business-magazine.mu

La stagflation est une période de hausse de l’inflation, mais aussi de baisse de la production et de hausse du chômage. Avec la crise de Covid-19, ce scénario est de plus en plus plausible.

Selon Zayd Soobedar, Managing Director de Strategic Insight, il y a un risque de stagflation légère et momentanée qui guette Maurice, surtout que nous sommes dépendants des importations et que nos principaux secteurs pourvoyeurs de devises étrangères sont dans le rouge suite à la Covid-19 et à la récession mondiale. Mais nous ne sommes pas dans cette situation en ce moment. Néanmoins, l’augmentation du fret, la dépréciation de la roupie, l’augmentation des prix des produits alimentaires, l’effet de la Covid-19 sur l’économie locale et internationale, le fait que des entreprises sont en difficulté financière, le nombre grandissant de personnes au chômage pourraient, entre autres, avoir un effet catalyseur.

«Contrairement à la crise financière de 2008, la crise économique mondiale actuelle touche non seulement le secteur monétaire, mais aussi le secteur réel. Pour faire simple, la stagflation est une hausse dans le taux de l’inflation ainsi qu’une baisse dans le PIB et une augmentation dans le niveau du chômage. Les facteurs qui pourraient expliquer une potentielle situation de stagflation légère incluent la dépréciation de la roupie et l’augmentation dans le fret d’une part – ayant un impact sur les prix des commodités – et une hausse dans le niveau du chômage (avec l’impact de la Covid-19 sur l’économie mauricienne touchant divers secteurs d’activité). La hausse des prix concernera principalement les produits importés. L’activité économique est déjà affectée à la suite du confinement sans oublier qu’un de nos secteurs clés – le tourisme – est actuellement gelé partiellement dû à la fermeture des frontières. Une des conséquences d’une stagflation sur les consommateurs est la baisse dans le niveau de la consommation et le niveau de vie. Pour les entreprises, cela impliquerait un ralentissement de leur chiffre d’affaires, une hausse dans les coûts des matières premières – si l’entreprise doit importer – et un éventuel abaissement dans la profitabilité», analyse Zayd Soobedar. 


Une première depuis les années 70


De son côté, Manisha Dookhony, Managing Partner de Rwenzori Consulting, fait ressortir que la dernière fois que le monde a eu à faire face à une situation de stagflation, c’était dans les années 70 quand à l’époque, les ménages ont vu la valeur de leur épargne réduite par une inflation élevée à deux chiffres. Aux États-Unis, l’inflation avait atteint des pics d’environ 12,5 % en 1974, puis de 15 % en 1980.

«La croissance finira par se remettre de l’épidémie de Covid-19 et des confinements associés, et avec de nombreux goulots d’étranglement dans l’offre, certains pics de prix sont très probables lorsque cela se produit. Ce qu’il faut alors pour la stagflation, c’est que les salaires augmentent, conduisant à une spirale ascendante des prix, alors que les entreprises augmentent à nouveau les prix pour maintenir leurs marges. À Maurice, nous avons une croissance en berne, un taux de chômage élevé. Celui-ci sera de plus en plus élevé si la situation économique perdure et nos frontières restent fermées. L’inflation reste jusqu’ici maîtrisée. Selon les dernières estimations de la Banque de Maurice au 12 août, l’indice des prix à la consommation (IPC) a chuté de 0,3 point d’indice ou 0,3 %,

passant de 105,2 en juin à 104,9 en juillet», observe-t-elle. 

Si les prix augmentent de façon significative et que les interventions de la Banque centrale se font plus difficilement, on risque de se retrouver devant une inflation qui augmente. Si cela persiste sur une longue durée, alors on pourra parler de stagflation. Comme le précise Manisha Dookhony, bien qu’il y ait une tendance dans cette direction, nous n’en sommes toutefois pas encore là.

La Banque centrale a son rôle à jouer en intervenant pour stabiliser la roupie et diminuer les pressions pour qu’elle ne se dévalue pas davantage. Mais c’est surtout la mise en place des mesures pour booster la productivité ainsi que le PIB qui joueront un rôle très important si on se retrouve dans une situation de stagflation. Selon Zayd Soobedar, la croissance viendra des PME sur les cinq prochaines années si on met en place un vrai écosystème de financement, mais aussi d’accompagnement pour les aider à optimiser leur potentiel.

Par ailleurs, Manisha Dookhony précise que les méthodes conventionnelles pour combattre l’inflation ou créer l’emploi ne marchent pas dans le cadre de la stagflation. La recherche d’une arme pour lutter contre la stagflation a conduit en partie à la montée en puissance du Supply side economics comme alternative à l’économie keynésienne ; il faut d’abord contrôler l’inflation. En effet, une politique expansionniste traditionnelle – une augmentation du Money supply ou des taux d’intérêt bas – conduirait à une augmentation permanente du taux d’inflation. Ainsi, la Banque centrale doit s’efforcer de stabiliser les prix afin d’éviter que l’inflation ne devienne incontrôlable.

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