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Ken Poonoosamy : «Faire de Maurice un centre régional de fabrication de vaccins»

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Ken Poonoosamy

Le gouvernement a annoncé son intention de développer une filière de fabrication de produits pharmaceutiques. Quel est, selon vous, le potentiel d’un tel secteur à Maurice ? Et combien de temps avant qu’il ne soit pleinement fonctionnel ?

La crise de la Covid-19 a entraîné des changements de paradigme dans le secteur pharmaceutique avec une pression extrême exercée sur les plateformes de fabrication pour produire des vaccins rapidement et efficacement. La vaccination vers l’Afrique ne représente que 0,3 % de la vaccination totale déployée jusqu’à présent dans le monde et il est urgent que les pays africains envisagent des installations de fabrication et soient moins dépendants des entreprises mondiales de vaccination pour répondre à leurs besoins et assurer la sauvegarde des vies et des moyens de subsistance. Dans l’optique de développer une industrie pharmaceutique et d’agir comme un tremplin pour les sociétés pharmaceutiques internationales pour répondre aux besoins de l’Afrique en termes de vaccination, le gouvernement mauricien a initié un certain nombre de politiques pro-industrielles qui visent à développer notre pays en un centre régional de fabrication de vaccins et de produits pharmaceutiques. En conséquence, le gouvernement a mis en place un certain nombre d’initiatives pour jeter les bases du développement de cette industrie. D’abord, il y a création d’un parc pharmaceutique et des Sciences de la Vie à Rose-Belle suite aux provisions du Budget 2018-2019. Ensuite, on accorde des incitations fiscales pour améliorer la compétitivité de Maurice en tant que plate-forme de fabrication compétitive et fiscalement avantageuse. Et finalement, il y a l’annonce dans le Budget 2021-2022 d’un financement d’amorçage de Rs 1 milliard pour des projets entrant dans les catégories biotechnologie, pharmaceutique et fabrication de vaccins qui sera disponible via le Mauritius Institute of Biotechnology. Cela, nous l’espérons, servira de coup de pouce financier aux entreprises pour installer leurs unités à Maurice au sein de la zone dédiée à Rose-Belle. Pour ce qui est du calendrier, si nous modélisons le développement de l’industrie des Tic au début des années 2000, nous pensons que le secteur pharmaceutique pourrait devenir un élément clé de l’économie mauricienne dans les 5 à 7 prochaines années.

Qu’en est-il en termes de réglementations ? Maurice fabriquera-t-il ses propres vaccins ou prendra-t-il des brevets des grosses pointures internationales de cette industrie pour répliquer leurs vaccins ?

Les dispositions actuelles du Pharmacy Act prévoient la fabrication de vaccins et d’autres produits pharmaceutiques à Maurice. Cependant, nous devrons bien sûr avec le temps mettre à niveau notre cadre réglementaire pour l’aligner sur les normes et exigences en constante évolution de l’industrie. L’objectif du gouvernement est d’abord d’amener les opérateurs internationaux à mettre en place des installations de fabrication de produits pharmaceutiques à Maurice pour produire et exporter de Maurice. Le gouvernement est également ouvert à l’idée de se prévaloir de brevets internationaux pour produire sous licence des vaccins et autres produits pharmaceutiques qui ont été approuvés par l’Organisation mondiale de la santé. Cependant, Maurice ne possède actuellement pas l’expertise nécessaire pour produire des vaccins ou tout autre produit pharmaceutique et, par conséquent, si cette option est mise en œuvre à l’avenir, le gouvernement cherchera d’abord le soutien technique et le savoir-faire appropriés auprès d’entreprises et d’institutions de renommée internationale avant de se lancer dans cette entreprise.

Faute de compétences locales, il faudra faire venir des spécialistes de l’étranger. Pensez-vous que la destination soit suffisamment attractive et offre un environnement économique et fiscal suffisamment intéressant pour attirer des entreprises internationales, des investisseurs étrangers ainsi que des talents ?

La stratégie de Maurice est d’attirer des sociétés pharmaceutiques et de fabrication de vaccins de renommée internationale pour qu’elles s’implantent dans le pays. Nous visons à tirer parti de l’expertise de ces entreprises mondiales pour développer nos compétences, nos capacités et la formation requises, afin de nous impliquer pleinement dans ce secteur hautement stratégique. Ce faisant, nous avons adapté notre proposition pour répondre aux exigences de ces entreprises, y compris de leur futur personnel. En conséquence, une incitation fiscale de huit ans a été mise en place pour les entreprises investissant dans des activités de fabrication pharmaceutique. En outre, le régime des permis d’occupation a été modifié pour offrir plus de sécurité aux professionnels qui s’installent à Maurice. À ce titre, les permis d’occupation tant pour les investisseurs que pour les professionnels ont été prolongés de 3 à 10 ans. En plus des avantages fiscaux et non fiscaux fournis aux investisseurs, le gouvernement a affecté des investissements dans l’identification d’une zone dédiée qui accueillerait les sociétés de fabrication de produits pharmaceutiques à Rose-Belle, comme je l’ai souligné plus tôt. Je suis d’avis que nous avons créé un environnement commercial propice pour les investisseurs pharmaceutiques et les professionnels étrangers à investir et travailler à Maurice.

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