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Dialogue politique : À la recherche d’un nouveau pacte commercial avec l’Union européenne

Le dialogue politique entre l’Union Européenne et Maurice sera l’occasion d’aborder des questions essentielles relatives au commerce, mais aussi d’évoquer la sortie de Maurice de la liste noire.

PIERRE DINAN
(ÉCONOMISTE)

VINGENT DEGERT
(AMBASSADEUR DE
L’UNION EUROPÉENNE À
MAURICE)

Alors que Maurice amorce sa reprise, il est primordial pour le pays de renforcer ses relations économiques et commerciales avec l’Union européenne. Dans le même temps, il s’agit de prendre en compte la dimension de la pandémie et les enjeux que représente le changement climatique. C’est dans ce contexte que se tient le 8e Dialogue politique entre l’Union européenne et le gouvernement mauricien. L’événement se déroulera à l’hôtel Labourdonnais ce jeudi 11 novembre. Vu que le ministre des Affaires étrangères, Alan Ganoo, est actuellement à Genève où il a présenté le Country Report de Maurice sur sa politique commerciale, il devrait vraisemblablement être remplacé par l’Attorney General, Maneesh Gobin. Étape clé du partenariat Union européenne-Maurice, ce dialogue politique de haut niveau s’aligne sur l’article 8 de l’accord de Cotonou. Celui-ci stipule que ce dialogue a pour objectif «d’échanger des informations, d’encourager la compréhension mutuelle ainsi que de faciliter la définition de priorités et de principes communs, en particulier en reconnaissant les liens existants entre les différents aspects des relations nouées entre les parties et entre les divers domaines de la coopération prévus dans le présent accord». En marge de ce rendez-vous de haut niveau, la Délégation européenne tient des réunions de travail avec différents corps constitués, les représentants du secteur privé et de la société civile. Lundi, elle a rencontré la ministre de l’Égalité des genres, Kalpana Konjoo-Shah. Et ce mardi, elle a eu une séance de travail avec le leader de l’Opposition, Xavier-Luc Duval. Pour ce 8e Dialogue politique, les ambassadeurs et représentants de six États membres feront le déplacement. Ils seront réunis autour de l’ambassadeur de la Délégation de l’Union européenne à Maurice, Vincent Degert, qui coprésidera la rencontre avec le représentant du gouvernement mauricien. Parmi les thématiques qui seront à l’agenda, on retrouve le changement climatique, la coopération au développement, l’accord de partenariat économique, la coopération dans le domaine de la pêche et la coopération régionale. La partie mauricienne ne devrait pas manquer de profiter de cette plateforme pour demander à l’Union européenne de faire diligence avec la sortie de Maurice de la liste noire. Un processus qui pourrait être complété avant la fin de l’année.

Liens historiques forts

Il nous revient également que le nouvel accord de partenariat économique Union européenne-Maurice portera une attention particuliere au changement climatique et à la durabilité environnementale. Avec son nouvel instrument de voisinage, de coopération au développement et de coopération internationale (NDICI) pour la période 2021-2027, l’Union européenne entend consacrer jusqu’à 30 % du budget de ce nouvel instrument à la réponse au défi du changement climatique. Dans le cadre du nouvel accord de partenariat commercial (post-Cotonou) entre les pays ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique) et l’Union européenne, ce partenariat politique qui se veut plus moderne mettra davantage l’accent sur la création d’alliances sur la scène mondiale. Tout dialogue est la bienvenue, d’autant plus avec l’Union européenne, et particulièrement l’Europe occidentale avec qui Maurice entretient d’excellentes relations et des liens historiques, observe l’économiste Pierre Dinan. Toute possibilité d’intensification de commerce bilatéral est une bonne nouvelle pour l’économie mauricienne, compte tenu de notre politique eurocentrique. «En tant qu’économie très ouverte, si dépendante des importations, Maurice a besoin de devises fortes pour régler ses importations, et cela passe par la vente de ses biens et services, en premier lieu le tourisme, puis les services financiers. Compte tenu du poids de l’Europe comme partenaire commercial et économique de Maurice, toute intensification de nos exportations sur la zone nous permettrait de continuer à soutenir l’enveloppe de nos importations. Bien entendu, notre souhait est que le pays puisse substituer et réduire cette dépendance de l’importation par une production locale consolidée», observe-t-il. Par ailleurs, à l’heure des débats sur l’exploration pétrolière et l’exploitation de notre zone économique exclusive, des aides techniques et financières pourraient être sollicitées par le gouvernement mauricien à l’Union européenne pour donner un élan à notre projet d’économie bleue.

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