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Commerce international : Repenser la coopération avec les États-Unis dans l’ère post-AGOA

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La posture de l’administration Biden est claire : Les états-unis veulent adopter une nouvelle politique commerciale avec la région de l’Afrique subsaharienne après l’expiration de l’AGOA en 2025.

KWANG POON (CHAIRMAN DE L’AFRICA EUROPE ASIA BUSINESS COUNCIL)

KWANG POON (CHAIRMAN
DE L’AFRICA EUROPE
ASIA BUSINESS COUNCIL)

La politique commerciale américaine vis-à-vis de l’Afrique subsaharienne à travers l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) est arrivée à une étape cruciale. La question était d’actualité lors de la dernière réunion ministérielle virtuelle sur le thème Building Back a Better US – Africa Trade and Investment Relationship. D’un point de commercial, l’AGOA a donné un coup de fouet aux relations entre les États-Unis et la région de l’Afrique subsaharienne depuis son adoption en 2000. Dans le cas de Maurice, l’AGOA a permis aux industriels mauriciens d’exporter des produits manufacturés pour un montant de $285 millions de dollars en 2017 selon les chiffres compilés par l’United States Agency – International Development. Nos exportations concernaient principalement des produits textiles ($146 millions), du sucre ($10,9 millions) et des montures de lunettes ($7,7 millions). Il faut aussi savoir que 95 % des produits textiles bénéficient d’un accès préférentiel sur le marché américain sous l’AGOA. Par contre, durant la même année, Maurice a importé des produits américains d’un montant de $56 millions. Alors que l’AGOA arrive à expiration en 2025, l’administration Biden songe à sérieusement repenser le modèle de coopération entre les États-Unis et l’Afrique subsaharienne, jugeant que les bénéfices sont relativement faibles pour les Américains. Une posture qui ne manque pas de susciter des incertitudes. De nombreux observateurs préconisent de nouvelles politiques pour accroître le commerce et les investissements entre les États-Unis et l’Afrique dans l’ère post-AGOA. Il s’agit avant tout de ne pas saper les avantages de l’AGOA à un moment où les pays africains sont fragilisés par la Covid-19.

Les craintes pour maurice

En effet, si les infrastructures insuffisantes, les coûts d’expédition élevés et la faiblesse de l’État de droit ont quelque part entravé l’AGOA, celleci a joué un rôle de catalyseur dans le développement de nombreux pays africains. Par exemple, l’Afrique du Sud exporte pour près d’un milliard de dollars d’automobiles et de produits agricoles vers les États-Unis. Le Lesotho fournit 40 000 emplois, principalement à des femmes, grâce aux bénéfices de l’AGOA se répercutant dans le domaine de l’habillement. De même, la Namibie a vu ses exportations de viande bovine vers les ÉtatsUnis décoller, et une expansion significative est prévue. Sans l’AGOA, ces progrès n’auraient sûrement pas été possibles. S’il s’agit de ne pas reculer par rapport aux progrès accomplis, aujourd’hui, les États-Unis font valoir que le Congrès est également moins bien équipé en particulier avec la Covid-19. Concernant Maurice, l’une des craintes est que le pays pourrait être exclu automatiquement de l’AGOA lorsqu’il réintégrera le statut de pays à revenu élevé. Selon Kwang Poon, Chairman de l’Africa Europe Asia Business Council, Maurice ne peut pas se permettre d’attendre l’expiration de l’AGOA en 2025. Il s’agit pour le pays de négocier d’ores et déjà un nouvel accord de libre-échange avec les États-Unis, ce qui serait une option pour préserver nos intérêts. «Je crois comprendre que nous avons déjà un accord de libreéchange avec les États-Unis, mais celui-ci commence à prendre de l’âge et demande une mise à jour avec les réalités actuelles. L’AGOA s’adresse en particulier aux États africains à revenu bas ou moyen. Maurice flirte déjà avec les pays à revenu élevé et risque de ne plus être éligible à l’AGOA. Cependant, nos relations avec les États-Unis sont compliquées parce qu’il y a l’élément géopolitique de Diego Garcia. Cela est très difficile mais les autorités doivent avancer avec prudence et tenter de trouver la juste mesure afin de négocier un package à la satisfaction des deux parties», soutient-il. Il est important de savoir que le gouvernement américain ne souhaite plus un accord unilatéral avec l’Afrique subsaharienne. Il pencherait plus vers des accords bilatéraux. Une politique commerciale mixte serait d’ailleurs ce vers quoi pencheraient les États-Unis. Dans ce contexte, certains avantages préférentiels de l’AGOA pourraient être prolongés, d’autres supprimés progressivement et d’autres encore pourraient expirer. Des accords bilatéraux avec certains pays africains sont possibles, tout comme un accord avec la Zone de libre-échange continentale africaine. Des données que le gouvernement mauricien doit prendre en compte lors de sa réflexion sur le futur du commerce international avec les États-Unis.

 

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