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Agences de voyages : le spectre de la faillite guette les opérateurs

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Suitcases in airport. Travel concept. 3d rendering

Comme tous les acteurs du secteur touristique les agences de voyages et tour-opérateurs sont grandement touchés par la crise. Concorde Travel Agency en a fait les frais. L’une des plus anciennes agences de voyages du pays a annoncé qu’elle allait cesser ses opératjons. Y a-til encore un avenir pour ce secteur ?

LA pression est énorme sur les agences de voyages. Déjà fragilisées par la concurrence d’Airbnb, elles sont dans une situation impossible depuis l’éclatement de la pandémie du fait qu’elles sont privées de ressources financières. L’inquiétude gagne davantage le secteur depuis que Concorde Travel Agency, qui appartient à Medine, a annoncé qu’elle déposait le bilan la semaine dernière. «Après plus de 50 ans de bons et loyaux services et après avoir contribué à la résilience du tourisme mauricien en portant le flambeau de la destination sur tous les marchés, nous sommes au regret de vous annoncer que Concorde ferme définitivement ses portes», a écrit Bruno Lebreux, le directeur de Concorde Travel Agency dans un communiqué publié la semaine dernière. Selon lui, il était devenu impossible pour la compagnie de poursuivre ses activités car elle n’a «engrangé aucun revenu depuis maintenant un an». La question qui se pose est : jusqu’où pourront tenir les agences réceptives, agences et tour-opérateurs ? Cette question est d’autant plus pertinente que l’on n’a toujours pas une grande visibilité par rapport à la réouverture des frontières. La situation se corse du fait que le Wage Assistance Scheme qui maintenait les agences de voyages en vie artificiellement a été stoppé. Pour Fred Ng, le directeur d’Atom Travel Service, l’impact de la crise sur les agences de voyages est sans précédent. Bon nombre de ses partenaires à l’étranger ont réduit leurs équipes dans le cadre de leurs plans de réduction des coûts. «Nous sommes en mode survie pour le moment. Le plus triste est que tout est hors de notre contrôle. Je ne peux qu’espérer que les frontières rouvriront bientôt», lâche Fred Ng, qui compte plus de 20 ans d’expérience dans le domaine. Il se dit peiné de constater que de nombreux consultants en voyages expérimentés quittent l’industrie. «Ils avaient l’expérience, les connaissances et la capacité de convaincre les clients de choisir Maurice comme destination de vacances», souligne-t-il. Pour le moment, les membres d’Atom Travel Service essaient de se concerter en ligne régulièrement avec leurs partenaires. «Rien de plus ne peut être fait», lâche-t-il, dépité. Et d’ajouter qu’au niveau d’Atom Travel, on doit maintenant devoir tout re[1]commencer. Il s’agit de former une nouvelle équipe commer[1]ciale et d’inviter les partenaires étrangers à Maurice pour raviver leur intérêt.

Fred Ng

Fred Ng (Directeur d’Atom Travel Agency)

BAISSE DE 99 % DES ACTIVITÉS

Du côté d’OMJ Holidays, l’on a enregistré une baisse des 99 %. Son directeur commercial et développement, Umarfarooq Omarjee, concède que l’agence a touché le fond. «Cette situation est fortement influencée par le confinement, l’environnement du secteur touristique et la quarantaine», énumère-t-il. Et de faire ressortir qu’avant la seconde vague, les forfaits Maurice-Rodrigues avaient permis de renflouer quelque peu les caisses. Il précise, par ailleurs, qu’au niveau du cluster tour-opérateur, aussi bien les départs que les arrivées connaissent une forte contraction. «Ils sont nombreux à ne pas pouvoir ou qui ne souhaitent pas voyager. Mais il y a aussi le fait que les touristes ne peuvent pas venir à Maurice en raison de la quarantaine et du risque de contamination», souligne Umarfarooq Omarjee en précisant que l’International Air Transport Association prévoit une reprise du tourisme d’ici deux à trois ans. Il garde toutefois l’espoir en une sortie de crise prochaine. «Le trafic aérien vers Maurice pourrait reprendre d’ici mai ou juin. Tout dépendra de la campagne de vaccination, de la tendant la reprise sur le marché des voyages, il s’agira pour les opérateurs de proposer les meilleurs forfaits et offres. «Il y aura une grande demande. L’offre devra suivre», dit-il, ajoutant qu’il faudra une reconstruction et une réorganisation du secteur. Malheureusement, cela passera sans doute par une réduction du nombre de tour-opérateurs.

Umarfarooq Omarjee

Umarfarooq Omarjee (directeur commercial et développement d’OMJ Holidays)

SOLUTION : PROPOSER DES IDÉES INNOVANTES

Qu’en est-il du métier des tour-opérateurs ? Fred Ng souligne que ce métier peut disparaître, d’autant plus que la marge de profit est en baisse. «Je suis cependant convaincu que nous avons encore un avenir, mais il appartiendra à chaque tour-opérateur de s’adapter aux besoins du marché et de proposer des idées innovantes», observe-t-il. Quant aux agences qui ne voudront pas suivre cette direction, elles auront beaucoup de mal à survivre. «Le contrôle des coûts est désormais plus important que jamais dans le secteur», insiste-t-il. Sans compter qu’au moment de la reprise, il faudra à nouveau compter avec la concur[1]rence des plateformes offrant des services de réservation en ligne, à l’instar du géant Airbnb. Il n’empêche qu’il y a toujours une bonne partie des passagers qui reconnaissent l’importance des agences de voyages. «Nous ne nous contentons pas de réserver un service pour les clients et de les laisser contacter un centre d’appels et parler à un inconnu qui ne sait rien de leur dossier», soutient-il. Du côté d’Atom Travel Service, on offre cette touche humaine que les portails en ligne ne proposent pas en assistant leurs clients en permanence. «Je crois que les voyageurs, en particulier ceux qui voyagent en famille, réalisent tous ces avantages», fait-il remarquer. Le prix peut être légèrement moins élevé lors de la réservation via une plateforme en ligne, mais la tranquillité d’esprit et le service que les clients obtiennent en réservant auprès d’un agent de voyages traditionnel l’emportent de loin sur les économies réalisées. «Il n’existe pas de baguette magique ! Il faut prendre connaissance de ce qui se passe dans le monde. Avec la nouvelle normalité, tous les opérateurs suivent un schéma sanitaire particulier. Ils doivent consolider leur aspect sécurité et respecter les nouvelles normes», renchérit Umarfarooq Omarjee, en soulignant qu’il faudra que les tour-opérateurs se réorganisent par rapport à la crise et élaborent des stratégies avec les entreprises. Il indique également qu’à Maurice, le label Safe Tourism de la Tourism Authority peut être un élément rassurant pour les clients des différents opérateurs de l’île. Selon lui, les opérateurs peuvent travailler sur les campagnes publicitaires pour mettre Maurice sur le devant de la scène. «Il faut susciter l’envie de visiter Maurice. Cela passe à travers le digital, car aujourd’hui, la connexion par rapport à Internet et les interactions avec les réseaux sociaux ont du succès. J’appelle cela l’effet du télétravail», argue-t-il. Malgré la situation précaire dans laquelle ils se trouvent, les opérateurs n’ont pas tous abdiqué.

UN MODÈLE DÉPASSÉ

Bruno Lebreux, directeur de Concorde Travel Agency

Bruno Lebreux, directeur de Concorde Travel Agency

Dans sa lettre à ses partenaires, Bruno Lebreux, le directeur de Concorde Travel Agency, s’est appesanti sur la concurrence qu’exercent les plateformes de réservation en ligne qui, avant le confinement, affectait les agences réceptives. Selon lui, le touriste achète de plus en plus en ligne. «Concorde montrait déjà des signes de faiblesse dans un contexte mondial de digitalisation qui laisse de moins en moins de place à des prestations de service telles
que celles que nous proposions», a-t-il déclaré

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